Merci pour cette question ! Gros sujet, alors j’ajoute mon petit grain de sel :
Déjà, Comme le précise @SimonSarazin, on parle bien du sens premier de « politique » (gérer les affaires de la cité, autrement dit : faire des choix qui ont un impact collectif lorsque l’on est nombreux à être concernés).
Je précise car je crois que les Tiers Lieux représentent surtout une immense opportunité de travailler autrement ces questions plutôt à une autre échelle.
(1) se concentrer sur le local
On veut nous faire croire que tout est forcément lié à une grande mouvance idéologique nationale, souvent, forcément, très très posturale (si on veut être audible à 70 millions, on ne fait pas dans la demi-mesure). Alors on parle « eco-terroristes » contre « capitalo-fascistes ». Et puis il y a un petit côté ambitieux : « et demain le Monde !! »
Je pense que c’est une erreur et que c’est sans issue.
Nos tiers lieux sont des objets ancrés, ancrés dans un territoire avec des liens communautaires forts souvent beaucoup plus complexes que ces mouvances.
A cette échelle on peut agir, et être sacrément pertinents et efficaces, souvent avec des approches plus subtiles que de grands principes idéologiques.
« Oui mais on passe à côté des grands sujets! »
Non. Au contraire : et si pour traiter les problèmes de gestion de la ressource en eau, on commençait par développer posément dans un territoire concret des petites solutions adaptées (agroforesterie, agriculture regenerative, desimpermeabilisation, économie d’usage de l’eau…), se partager les résultats entre Tiers lieux, avec les partenaires académiques, les réseaux professionnels locaux concernés, les citoyens, les enfants… mais aussi nos collectivités, les services déconcentrés de l’Etat… et influer efficacement sur le terrain.
On tente cette approche modestement à la Vigotte et je trouve qu’en à peine 2 ans, on a déjà des résultats prometteurs. En tout cas on sent qu’on pourrait bouger les lignes et finir par avoir un impact national.
(2) adopter davantage une réflexion sur le commun
La « politisation » en tiers lieu gagnerait peut être à se positionner sur le grand vide de notre scène politique : le commun.
Si certains partis mentionnent le terme et semblent avoir des valeurs compatibles, combien en mesurent vraiment la portée ? Très peu. D’autant que par définition, la gestion du commun fonctionne à de plus petites échelles (1 forêt, 1 pêcherie, 1 hameau, 1 coopérative agricole, une petite manufacture…). Donc loin des prérogatives d’un élu national, d’un parlementaire ou même d’un élu de collectivité. Il est aussi peu probable que le commun puisse s’imposer à un niveau national. Le commun ne se décrète pas.
A l’inverse, en tiers lieu, on est a la bonne échelle pour développer et expliquer le principe de communs et les diffuser.
Je trouverais vraiment pertinent qu’on mette l’énergie sur ça, plutôt que sur un positionnement par rapport aux grands courants politiques : libéral ? Socialiste ? Écologiste ? Conservateur ? Progressiste ? Humaniste ? Bah rien de tout ca : porteurs de communs !
(3) accompagner l’individu dans sa propre transition et lui mettre en visibilité les enjeux de la transition écologique de son territoire
Plutôt que de donner des leçons et transmettre des doctrines, faire ce que l’on sait faire le mieux : éduquer, sensibiliser et former, pousser à l’expérimentation.
Surtout : pousser l’esprit critique (pas la même chose que l’esprit de critiquer :)), comme le dit un poste plus loin, aider les gens à aller chercher de l’info de meilleure qualité, ne pas leur mâcher la réflexion sur ce qui est bien ou mal, plutôt aiguiser leur capacité à questionner et à observer (quitte à accepter qu’ils ne soient pas d’accord avec nous…)
Les aider aussi à se positionner eux même, sortir de la tétanie d’un monde qui serait bloqué par un gros « système » impalpable tenu par des « puissants » inaccessibles pour redécouvrir que déjà, par des choix individuels, en prenant soin de son équilibre, on peut avoir un énorme impact. (Si chacun se préoccupe de ce qu’il mange et de sa santé, l’agro-industrie et l’agrochimie s’éteint d’elle même, sans même la moindre lutte… il faut quand meme que l’économie libérale et la loi du marché ait quelques avantages !)