Quels articles ou vidéos ou média vous aident à réfléchir au rôle politique des tiers-lieux?

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Cet article de Olivier Hamant est intéressant

Ce qui change aujourd’hui, c’est que le monde rural n’encaisse plus. Le mouvement des gilets jaunes l’avait exprimé avec éclat, le rond-point se métamorphosant en une nouvelle agora incontournable.

Le monde rural est entré le premier dans le monde fluctuant, sur le plan socio-écologique, et il tire la sonnette d’alarme.

Nous ne pouvons plus construire un modèle de société contre les fluctuations ; il va plutôt falloir construire un modèle de société sur les fluctuations. Dit autrement, c’est cette fois la périphérie de la société, et singulièrement le monde rural en première ligne face aux tempêtes à venir, qui pourrait éclairer l’élite urbaine.

Les députés européens de tous bords vont devoir considérer ces périphéries rurales comme un laboratoire du monde fluctuant qui vient

Ce contre-modèle, c’est celui de la coopération et de la robustesse sociale construit contre le culte mortifère de la performance (9). Un projet engageant où les citoyens peuvent compter sur les liens de voisinage, sur les communs, ou sur des facilitateurs de l’auto-organisation territoriale pour multiplier les filets de sécurité et de santé commune (10).

Du bon sens paysan dira-t-on, où le primat est donné au premier kilomètre de la démocratie : mouvement associatif, approches participatives, habitats partagés, ateliers de réparation citoyens, expérimentations territoriales, sciences citoyennes, entreprises à mission, collectifs de paysans en agroécologie, etc. C’est une société de la robustesse et de la paix construite contre une rationalité de l’optimisation permanente, pour faire face à des enjeux plus grands qu’elle.

il s’agit de quitter la posture du pouvoir élitiste, centralisé et aveugle aux fluctuations du monde, pour embrasser la force des liens locaux et imaginer la puissance politique des territoires, ensemble.

Bref, tout l’article est passionnant et décrit notre rôle politique, notamment dans l’enjeu à recréer ce premier kilomètre de la démocratie !

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Que se dessine un accord entre les gauches et l’écologie politique est une bonne nouvelle. Mais ne les attendons pas pour mener campagne, notamment dans les 100 ou 150 « swing states », ces circonscriptions qui risquent de basculer RN : convoquons des assemblées populaires locales partout !

Dans les délais impartis – les candidatures doivent être déposées d’ici à dimanche 16 juin 18h – il est bien-évidemment difficile d’imaginer un processus réellement collectif et transparent. Il est néanmoins de notre responsabilité de l’exiger. Ainsi que de prendre toutes les initiatives citoyennes, associatives et syndicales possibles qui puissent à la fois influer sur les contours et le contenu de ce « front populaire » mais aussi contribuer à lever une espérance de transformation sociale, écologique et démocratique dans ce pays.

Mais aussi, et surtout, parce qu’il est urgent de recréer des espaces collectifs où l’on puisse discuter de la situation politique et des initiatives à prendre à l’échelle d’un village, d’un canton, d’un quartier ou d’une ville : pour solder les différends et les animosités accumulées mais aussi, et surtout, pour se projeter dans cette grande bataille commune qui s’impose à nous. Sans attendre que la fumée blanche sorte des négociations en cours et sans attendre que les professions de foi et les bulletins du « Front populaire » nous parviennent.

Vu dans le livre
" Nos tiers-lieux. Défendre les lieux de sociabilité du quotidien, 2023. Antoine Burret"






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A la stratégie TikTok du RN, la gauche réplique par des « edits » et des « fancams » inspirées de la K-pop

Par Aurélien Defer

Par Aurélien Defer

Par Aurélien Defer

Hier à 17h00, modifié hier à 18h11

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Décryptage Ces vidéos prolifèrent sur les réseaux sociaux depuis la fin des élections européennes et en vue des législatives anticipées. Des jeunes activistes, proches des partis de gauche, veulent industrialiser ce mouvement spontané.

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Au soir du dimanche 9 juin, tandis que les premières estimations des résultats des élections européennes se propagent sur la Toile, de jeunes internautes de gauche s’interrogent. D’après Ipsos, le Rassemblement national (RN) a séduit 25 % des votants de 18 à 24 ans au scrutin européen. Comment expliquer une telle avance pour Jordan Bardella et, surtout, comment contrer son omniprésence en ligne auprès des nouvelles générations ? « Il faut vraiment débloquer les beaux gosses de la gauche en costume pour les “edits” TikTok », propose alors une utilisatrice du réseau social X.

Lancée avec une pointe de dérision, l’idée de la sympathisante de gauche séduit très vite ses pairs, dans l’urgence du scrutin législatif prévu les dimanches 30 juin et 7 juillet. Des « edits », ce sont des montages vidéo en français : en quelques heures, ils inondent X, TikTok et Instagram, et cumulent parfois des millions de visionnages. Y sont mises en avant des personnalités de gauche, en particulier issues de La France insoumise (LFI), dans des montages vidéo saccadés, aux filtres et transitions léchés, rappelant les codes des « fancams » créées par les adeptes de K-pop pour célébrer leurs idoles.

D’ailleurs, les fans de pop coréenne sont particulièrement actifs dans cet élan de mobilisation qui, pour reprendre leurs termes, vise à promouvoir les « punchlines » et le « charisme » de représentants de gauche tels que Sébastien Delogu(LFI), Sandrine Rousseau (Europe Ecologie-Les Verts), Léon Deffontaines (Parti communiste français), Philippe Poutou(NPA) ou encore Clémence Guetté (LFI). Etudiante de 18 ans à l’origine de plusieurs vidéos, Marie y voit l’occasion de créer une porte d’entrée vers une adhésion politique. « Les gens vont aller regarder ce que ces personnalités disent parce qu’ils les trouvent charismatiques et peut-être qu’avec ça, les idées vont les atteindre », estime cette inconditionnelle de K-pop et de Taylor Swift.

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Déjà des projets de coordination

Entre deux sessions de révision en vue de son bac de français vendredi, Reda, 16 ans, s’amuse lui aussi à réaliser des montages de ce genre depuis dimanche soir (voir ci-dessous). Avec l’application CapCut, il met côte à côte des stars du groupe sud-coréen Twice et des figures de la gauche française sur des fonds musicaux entraînants. « Quand je l’ai fait avec Nayeon et Mélenchon, ma démarche était de prendre les doyens de Twice et de La France insoumise », détaille-t-il au Monde, reconnaissant le caractère « loufoque » de ses créations.

Lundi, l’adolescent a rejoint sur la messagerie Discord un groupe d’une soixantaine de fans de Twice qui cherchent à coordonner leur production d’« edits » et de « fancams » le temps de la campagne électorale. Une initiative qui fait écho à la volonté des différentes composantes de la gauche de s’unir en nouveau « front populaire » et qui est loin d’être la seule chez les jeunes internautes. Créé au lendemain des élections européennes, le collectif Gauche Stan composé « en majorité de jeunes étudiants et jeunes travailleurs » partage sur les réseaux sociaux des montages déjà visionnés plusieurs dizaines de milliers de fois.

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De son côté, Axel Beaussart, qui se présente sur Internet sous le pseudonyme Tahzio, observe avec attention ces initiatives. Celui qui a fondé le média en ligne Spotters visant à documenter les cultures Web veut désormais accélérer le mouvement avec le lancement officiel, prévu vendredi 14 juin, d’un groupe de bénévoles baptisé Gauches d’Internet. Son objectif : industrialiser la fabrication de montages vidéo, pensée comme « l’équivalent sur Internet de tractage sur les marchés ».

A peine né, le projet est déjà rigoureusement cadré. Trois types de vidéos sortiront de cette usine implantée elle aussi sur Discord, théorise Tahzio. Des contenus dits « de notoriété » pour vanter l’« aura » des candidats, « de conviction »mettant en avant leurs interventions télévisées et leurs programmes, et d’autres de « confrontation avec l’extrême droite ». Le tout généré grâce à une répartition des tâches ultra-codifiée, de la production à la diffusion : les bénévoles pourront choisir d’être « veilleurs », monteurs, « community managers » ou « volontaires ».

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Les gauches ne restent pas insensibles

Une aubaine pour les différentes formations de gauche, qui constatent sans broncher qu’une partie de leur communication en ligne est spontanément assurée par des internautes. Concédant via son canal de diffusion Instagram qu’il n’avait jamais entendu parler des « edits » avant cette semaine, le député des Bouches-du-Rhône Sébastien Delogu s’est amusé d’être devenu la coqueluche de ces amateurs du montage. « La personne qui fait le meilleur “edit”, je l’invite à manger un kebab à Saint-Antoine dans les quartiers nord de Marseille », a-t-il fini par lancer.

Suivi par près de 400 000 personnes sur YouTube, Glupatate est depuis deux ans l’un des spécialistes les plus chevronnés des montages politiques qui circulent sur les réseaux sociaux au format vertical. Souhaitant conserver son anonymat, celui qui travaille depuis quelque temps pour la communication numérique de LFI confie ne pas avoir vu venir le phénomène des « fancams ». « Ça sort de nulle part ! Et le fait qu’une partie de cette communauté choisisse de politiser son contenu à l’approche des législatives est un excellent signe », se réjouit le créateur de contenus, qui explique au Monde souhaiter que cette « initiative populaire qui dépasse les institutions politiques (…) reste plus ou moins autonome et indépendante ».

Mais le caractère insubordonné de la mobilisation n’est, justement, pas acquis. Tahzio entend mettre ses « Gauches d’Internet » au service des équipes de campagne du nouveau « front populaire ». « Si un candidat est en train de galérer sur une circonscription et que ça risque de se jouer à une ou deux voix près avec le RN, l’idée c’est que les partis puissent nous interpeller et qu’on aille ensuite essayer de soutenir ce candidat », explique le jeune homme, qui dit avoir commencé à discuter avec des intermédiaires issus de divers partis de gauche.

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Le serveur Discord « insoumis », pionnier depuis 2016 de la mobilisation en ligne, renommé « La barricade » en 2023 puis « Front populaire » en ce début de semaine, s’est aussi mis en ordre de marche. Depuis dimanche, des canaux consacrés à la création d’« edits » ont été ajoutés à cet espace rassemblant 16 000 personnes. Pour Guillaume, membre de l’équipe dirigeante du serveur, cette ferveur pourrait servir directement les candidats. « Il y a des élus qui peuvent nous suggérer des idées et, même si on n’est pas une agence de communication et qu’on ne remplacera pas une équipe dédiée à chaque candidat, on participe à ça », assure-t-il.

Comme beaucoup, le vingtenaire s’est toutefois posé plusieurs questions depuis dimanche. Quelles seront les conséquences réelles dans les urnes de ce nouveau souffle qu’il qualifie de « machine à hype » ? « Il y a beaucoup de gens qui nous ont rejoints après être tombés sur des “edits”, c’est le pied dans la porte, le début de quelque chose et c’est comme ça qu’on politise les gens », poursuit Guillaume. Avant de nuancer son propos : « Mais ce n’est pas une fin en soi et il ne faut pas prendre les jeunes pour des débiles. »

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« Un grand nombre de jeunes n’espèrent plus des forces politiques en présence qu’elles se montrent à la hauteur des enjeux »

Aurélien Defer

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Un article de Bruno Latour pointé par @nicolasloubet sur l’enjeu de partir de nos conditions de subsistance, et qui nous a inspiré pour les formats d’animation d’atelier dans nos tiers lieux

Quarante ans de néolibéralisme et de mondialisation nous ont rendus incapables de savoir de quoi et de qui nous dépendons au quotidien. Nous ne percevons plus qu’une toute petite partie de la chaîne de dépendances dans laquelle s’inscrivent nos existences. En ce sens, il s’agit bien, comme à la veille de la Révolution française mais différemment, d’une crise de subsistance. Les Français ne meurent plus de faim mais ils échouent à saisir ce qui leur permet de subsister.

Cela peut devenir une chance si, au lieu de nous exprimer sur le mode « moi, je pense que » , nous acceptons de répondre d’abord à cette question : de quoi dépendons-nous pour subsister ?

Il faut mesurer combien la dépolitisation dans notre pays est ancienne, et à présent presque complète. Qu’est-ce qu’une parole politique ? Un essai de composer entre des intérêts divergents. Ce qui suppose une adresse d’une personne à une autre et implique la contradiction. Par définition, la parole politique n’est pas anonyme, elle ne se résume pas à un clic. Pour prendre conscience de sa quasi-disparition, il suffit de s’interroger : quand avons-nous parlé de politique avec des personnes dont les opinions sont contraires aux nôtres ? En général, nous peinons à trouver une date…

Passer de l’expression de plaintes et d’opinions à une telle description, c’est l’exercice que nous avons proposé lors de différents ateliers en France : « Arrêtez de nous parler du capitalisme, de l’État, et parlez-nous de ce que vous vivez, dites-nous de qui vous dépendez pour votre subsistance, sur qui vous pouvez compter… » À chaque fois, nous avons été saisis par la rapidité avec laquelle évolue une assemblée réunie de manière artificielle dès qu’elle se plie à cet exercice.

Très vite, des alliés et des ennemis se découvrent, se disputent, des alliances se créent. Si l’expérience se poursuivait à l’échelle nationale, des groupes se formeraient autour d’un même enjeu, comme le maintien des liaisons ferroviaires par exemple. Peu à peu, ils réuniraient des personnes situées dans des départements voire des pays différents et soumettraient des propositions aux représentants de l’État pour qu’ils les mettent en œuvre. Et progressivement, c’est toute une société civile qui se mettrait à nouveau à faire de la politique et inventerait, en tâtonnant, la transition vers un autre mode vie.