Quelles suites pour la politique tiers-lieux du ministère de la Cohésion des Territoires?

Bonjour à toutes et à tous,

Super toutes ces contributions de qualité ! Je peux tenter de compléter en parlant de mon point de vue qui n’engage ni l’ANTL (dont je suis administrateur), ni le réseau régional que je co-coordonne A+ c’est mieux ! ni le tiers-lieu auquel je contribue La Tréso (labellisé Fabriques de T).

  • Le programme Fabrique de Territoire a été lancé avec un processus inverse de ce que font et prônent les tiers-lieux : une opportunité politique très incarnée, peu de prises de considération des dynamiques existantes (malgré les rapports les analysant) et de leurs visions/méthodes, un manque d’écoute de l’écosystème dans son besoin préalable ou en synchrone d’une structuration solide à l’échelle régionale, intermédiaire entre l’Etat/échelle nationale et les tiers-lieux locaux, permettant de lier les dynamiques entre elles, de travailler ensemble plutôt qu’en concurrence, d’avoir des facilitateur·rices support et de la représentation à cette échelle (nécessaires quand on a la tête dans le guidon sur son territoire). Il y a aussi eu un saupoudrage territorial assez flagrant (ayant participé à un des jurys) où la qualité du projet pouvait passer après la nécessité de couvrir une zone non pourvue en « Fabriques » labellisées ou après un soutien politique fort (projets avec la capacité de faire du lobbying à l’échelle nationale, difficile pour un tiers-lieu citoyen qui se démène sur son territoire…).

  • On a réussi à compenser ces manques au fil de l’eau mais la confiance entre l’écosystème et l’Etat aurait été bien meilleure dès le départ s’il y avait eu une vraie écoute et implication de ceux qui charbonnaient depuis quelques années / décennies pour certains sur le sujet. Gros espoir donc que la remontée à l’Etat des résultats de ce débat soit lu et bien entendu.

Pour en venir à la continuité de ce programme d’Etat de soutien aux tiers-lieux :

  • Le terme « Fabrique de Territoire » a pu créer de la confusion avec la notion de tiers-lieux déjà pas simple à appréhender, de même que pour le terme "Manufactures de Proximité » avec les ateliers partagés / fablabs… Donc pourquoi pas utiliser tout simplement la notion de tiers-lieux et ateliers partagés plutôt que de « packager » un nouveau terme qui sort de nul part. Et bien-sûr ne pas créer de dynamiques d’animation à côté de l’écosystème se fédérant et organisant son animation, créant de la confusion et un système à 2 vitesses (les labellisés et le « reste du monde »…).

  • En finançant de l’exploitation non affectée (ou peu affectée), le programme Fabriques a été une véritable bouffée d’air pour des tiers-lieux faisant déjà depuis de longues années un travail de médiation territoriale / sociale, de mixité/inclusion au sein de l’espace, d’animation de gouvernance partagée, de documentation, de soutien à des ressources mutualisées, etc. Et c’est bien là son apport principal, le financement d’exploitation étant de + en + rare. A La Tréso, nous avons créé un consortium avec CASACO, tiers-lieu complémentaire à proximité, et nous avons intégré ces 50k € / an dans notre budget pour appuyer des tarifs sociaux facilitant la mixité sociale, de l’animation avec/entre acteurs territoriaux (débouchant sur des projets concrets), de l’animation de la vie coopérative, des formats de débats citoyens, etc qui avant été réalisés bénévolement, avec du burn-out à la clé.

  • Après les phases de financement du contenant, les tiers-lieux ont désespérément besoin de financement pour le contenu ! (ce qu’on répète à tous les financeurs/institutions voulant absolument financer de nouveaux tiers-lieux en investissement). Donc sur cette continuité de programme de politique publique, il faudrait continuer à financer en exploitation les tiers-lieux labellisés ayant prouvé leur utilité territoriale et leur animation territoriale (50% ?), financer des tiers-lieux existants non labellisés (et non des projets non éclos, il y a suffisamment de tiers-lieux qui survivent au quotidien !) qui auraient déjà prouvés leur utilité territoriale (30% ?). Mais il faudrait aussi financer des contenus / ressources partagées entre tiers-lieux (20% ?). Cela pourrait permettre de financer des outils partagés mais aussi et surtout des humains pour mutualiser sur des fonctions supports et donner une réponse à l’épuisement professionnel lié à l’extrême polyvalence subi et l’isolement des travailleurs de tiers-lieux. On parle souvent de médiateur social/culturel/territorial, régisseur, chargé de coopération, communication, commercialisation qui seraient partagés entre plusieurs lieux…

  • Sur le processus, tout à fait en phase avec l’idée d’un appel à communs @SimonSarazin donnant de la visibilité aux projets avant leur sélection, permettant la mise en coopération, utilisant mieux les outils numériques pour le suivi, facilitant la transparence dans le processus… En cohérence avec notre culture tiers-lieu.

  • Des phases d’accompagnement préalable comme avec les Manufactures de Proximité sont intéressantes et pourraient être conservés. Mais sans la longue attente de versement de subvention que la plupart des Manufactures ont eu l’air de subir…

  • Il me semble fondamental de décentraliser la mise en oeuvre de ce programme. Cela a pu être testé sur DEFFINOV, avec plus ou moins de succès, mais cela a au moins eu le mérite de poser un cadre de coopération entre des agents publics régionaux et des représentants de réseaux régionaux. Nous avons besoin d’une plus grande proximité dans la mise en place de politique publique, et d’adaptation des programmes à chaque réalité et besoins territoriaux.

  • Si jury il y a, bien-sûr associer les nombreuses parties prenantes de l’écosystème, au-delà de la puissance publique, aussi dans l’ESS, l’éducation populaire, la culture, les syndicats (si on parle amélioration du travail…)…

Les attentions à conserver sur ce programme mais aussi pour la politique publique des tiers-lieux en général :

  • Financer des humains, pas seulement des machines et des murs
  • Financer du contenu plus que les contenants !
  • Faire confiance aux représentants de l’écosystème qui intègrent l’intérêt collectif et l’intérêt général, dans leurs propres configurations non lucratives et démocratiques (en majorité)
  • Envisager des adaptations des programmes à l’échelle de chaque région, en lien avec les acteurs sur cette échelle
  • Ne pas déshabiller les collectivités locales pour redonner aux tiers-lieux, ne pas fermer des services publics de proximité pour après y « réinstaller" des « tiers-lieux ».
  • Ne pas donner toutes les responsabilités du mieux-être de la société française aux tiers-lieux (qui sont donc majoritairement accepté dans l’écosystème comme étant "des espaces de sociabilité d’initiative citoyenne, où une communauté peut se rencontrer, se réunir, échanger et partager ressources, compétences et savoirs »).

Et je compléterais certainement, pas eu le temps d’aller plus loin… Merci pour ce débat en tout cas et hâte de lire vos contributions !

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Un des grands mérites de certains tiers-lieux labellisés « fabrique de territoire » est d’avoir rempli un dossier de candidature.

On peut trouver à quelques kilomètres d’une « fabrique de territoire », un autre tiers-lieu qui remplit exactement les mêmes missions, parfois avec davantage de compétences, et qui n’est pas labellisé pour la simple raison que son équipe n’a pas candidaté.

Cette constatation illustre la méconnaissance du terrain que peuvent avoir les personnes chargées de ces procédures de labellisation et, plus préoccupant, la légèreté avec laquelle est utilisé l’argent public.

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bonjour à toutes et tous, merci pour toutes ces nouvelles contributions, cela donne envie de continuer ! quelques elements de réflexion complementaire …
Partons de quelques éléments de bilan du programme Nouveaux lieux - nouveaux liens
/// Fabriques de territoire
. Un engagement fort de l’Etat, visible, conséquent, qui a eu un effet de levier et d’entrainement majeur des collectivités territoriales : les régions, notamment celles qui étaient encore peu impliquées, les métropoles, les communautés de communes. Je prends l’exemple de la Palanquée : jamais nous n’aurions réussi à convaincre les pouvoirs publics locaux, très éloignés de cette culture, de l’intérêt de notre projet en l’absence de cette volonté politique de l’Etat.
. 300 fabriques de territoire ! une ambition et un effort financier de l’Etat sans précédent sans lequel de nombreux tiers-lieux n’auraient pas vu le jour, en tout cas, pas aussi vite et pas aussi diversifiés sur le territoire (TL dans petites villes et zones rurales notamment).
La subvention allouée de 150 K€ était conséquente mais pas exceptionnelle : à titre comparatif dans l’ESS, les subventions accordées aux PTCE dans les AAP de 2014 et de 2016 allaient jusqu’à 500 K€ sur 3 ans, de même pour les subventions La France s’engage. Mais dans les 2 cas, les AAP étaient beaucoup plus restrictifs et n’ont retenu qu’un 50aine d’initiatives pour les PTCE et de 90 environ pour La France s’engage (de mémoire). C’est l’ambition en termes de nombre de TL et de diffusion sur le territoire qui est exceptionnelle, et particulièrement pertinente dans le cas des tiers-lieux qui opèrent dans la proximité. C’était rompre le credo unique « changer d’échelle « et faire grandir les entreprises de l’ESS » qui a conduit à subventionner toujours les mêmes, ce qui a beaucoup de limites.

Des modalités de subvention tenant compte des critiques souvent émises : le choix du pluri-annuel, qui a permis à de nombreux TL de se consacrer au cœur de leur projet plutôt que de passer leur temps à faire des dossiers de subvention annuels mais surtout le financement de l’amorçage, l’absence de critère d’ancienneté pour obtenir la subvention, ce qui était très novateur et a permis à de nombreux tiers-lieux de voir le jour. Je souligne cette avancée, une sacrée marque de confiance, peu commune dans les procédures publiques, y compris des régions. Ajoutons également la liberté d’utilisation pour toutes charges de fonctionnement et la simplicité du bilan annuel. Là aussi, les régions ont à en prendre de la graine !

. Une équipe dédiée, disponible et proche du terrain.

/// Je ne parlerai pas du programme manufactures de proximité, que je connais mal.

/// Soutien aux réseaux régionaux
Un axe indispensable. Le niveau régional est appelé à jouer à mon sens un rôle majeur dans la consolidation dans la durée des fabriques et des tiers-lieux qui ont émergé depuis 2018, notamment hors métropole. Les réseaux régionaux qui ont de la bouteille en sont la démonstration, le maillage et la vitalité de leurs tiers-lieux au regard des autres régions en témoignent. Mais, pour le coup, un soutien encore insuffisant.

Au final, avec le soutien de politiques publiques audacieuses (Etat, régions, métropole, certains EPCI, pas tous malheureusement !), la création de France tiers lieux, l’énergie, la créativité, les compétences et richesses humaines des tiers-lieux, le plaisir de faire ensemble, c’est incroyable ce que les tiers-lieux ont produit comme valeur ajoutée sociétale en 4 années ! La rencontre de Bliiida en a été le témoignage. Je ne pense pas qu’on ait beaucoup d’exemples dans d’autres secteurs d’activités d’un tel ratio qualitatif entre valeur sociétale créée et argent public investi.

2 – Quelques pistes pour la suite, répondant aux limites perçues
/// La poursuite d’une politique Tiers-lieux ambitieuse de l’Etat est indispensable. A contrario, ce serait i) ne pas capitaliser sur tout cet effort financier et humain de 4 années, une énorme déperdition, ii) décrédibiliser le mouvement des tiers-lieux dans son ensemble en apportant crédit à ceux qui y voient un phénomène de mode, iii) produire inévitablement un effet de levier négatif (eh oui il joue à double sens) de lâchage ou de désinvestissement progressif des autres collectivités publiques : régions, métropoles, EPCI…
Je ne m’étends pas sur le pourquoi un soutien financier important et pérenne de l’Etat aux TL est non seulement indispensable mais pleinement justifié en terme de bon usage des finances publiques, de par ce que les tiers-lieux apportent au développement (économique écologique culturel solidaire démocratique…) des territoires et à leurs habitants, produisent comme innovation et apportent en terme de contenus et de communs. Ils sont acteurs de la transformation, de la revitalisation de l’implication citoyenne, du renforcement du lien social. Démonstrateurs de solutions et apporteurs d’espoirs d’un autre monde face à la crise sociale et politique profonde que le pays traverse.
/// Pérenniser le soutien financier aux tiers lieux et viser un objectif de consolidation dans la durée
La démonstration étant faite des apports multiples des tiers-lieux dans la vie des cités et des territoires, la préoccupation de politique publique doit être avant tout de leur permettre de s’ancrer dans la durée. Cela implique à mon sens :

  • Sécuriser dans la durée des crédits budgétaires par l’inscription du soutien financier aux tiers-lieux comme une ligne du budget de l’Etat en tant que telle, comme cela a été fait par exemple pour « les territoires d’industrie », autre programme lancé en 2018. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. A titre d’exemple dans l’ESS, si on ne l’avait pas fait lors de la création du DLA (dispositif local d’accompagnement), il ne perdurerait pas depuis plus de 30 ans
  • Accroitre les montants, certes dejà importants, mais qui restent extrêmement limités en comparaison aux financements accordés à d’autres politiques publiques de portée similaire. 1,3 milliards d’€ étaient annoncés entre 2018 et 2022 pour les territoires d’industrie, au final 2 milliards ont été dépensés pour 146 territoires, rassemblant 530 intercommunalités et 1800 projets. En termes de mobilisation d’acteurs sur les territoires, on n’est pas loin, en termes de financements reçus on n’est clairement pas dans le même monde ! sans prétendre à s’approcher de tels montants, l’écart pose grandement question. Ce serait intéressant de faire des comparaisons programme tiers-lieux vs territoires d’industrie d‘évaluation en termes de valeur sociétale créée (économique, écologique, sociale, citoyenne…).
    L’Etat a rassemblé des partenaires pour mobiliser ces financements : banque des territoires, bpifrance, Ademe, pôle emploi … Pourquoi ne pas le faire pour les tiers-lieux ?
  • Doté de montants plus importants, la politique d’appui financier aux tiers-lieux doit sortir d’une approche type 300 fabriques et soutenir tous les tiers-lieux (yc fablab bien sûr) qui en ont besoin pour durer, pour maintenir et développer leurs apports sur les territoires. Cela appelle une révision des modalités d’attribution des subventions. Comme d’autres je m’interroge sur l’octroi de subventions de fonctionnement à des tiers-lieux créés et gérés par des collectivités publiques. Je ne vois pas bien la pertinence en termes d’ingénierie financière publique puisque les collectives reçoivent des subventions de l’Etat pour leur fonctionnement par d’autres voies, et cela n’encourage pas à ce que les collectivités qui souhaitent un tiers-lieu dans leur territoire s’appuient sur des collectifs d’habitants pour les créer et les animer, ce qui est l’essence même d’un tiers-lieu.
    Autres questions : plutôt qu’un montant forfaitaire par tiers-lieu, tenir compte de la situation financière de chacun pour répondre mieux aux besoins et éviter les effets d’aubaine ? le niveau régional/ départemental n’est -il pas plus à même d’instruire les demandes ? restons dans une culture tiers-lieu de proximité, d’autant que les préfectures de département connaissent habituellement les tiers-lieux de leur territoire, et sinon ce sera l’occasion.
  • Pour les raisons évoquées plus haut qu’un tiers-lieu ça se construit dans la durée, surtout dans les territoires petites villes et ruraux, maintenir l’octroi de subvention par conventions pluriannuelles, en visant plutôt 5 ans que 3 ans, si besoin avec une clause de revoyure 3+2 (3 ans avec 2 ans de covid ca a vraiment été insuffisant pour les fabriques nouvellement créées).
  • L’objectif de viser la consolidation des tiers-lieux n’exclue bien sûr pas de financer l’émergence de nouveaux tiers-lieux dans des territoires qui en manque.
    /// Soutenir le développement et la consolidation des tiers-lieux passe aussi par un soutien renforcé aux réseaux régionaux, aux réseaux thématiques, à l’ANTL
  • J’ai déjà évoqué le rôle majeur des réseaux régionaux, auxquels j’ajoute les réseaux thématiques pour le partage d’expériences et le transfert de savoir- faire : ils ne peuvent fonctionner, perdurer, produire de la valeur ajoutée pour les tiers-lieux sans des financements pérennes conséquents de l’Etat.
  • Outre les charges de fonctionnement et des charges salariales quand il y a des salariés, le financement par l’Etat de prestations de support apportées via les réseaux par des tiers-lieux pour des tiers-lieux aurait un double effet kisscool : 1/contribuer à la montée en compétences et à la consolidation des tiers-lieux bénéficiaires 2/ générer du chiffre d’affaires pour le tiers-lieu réalisant la prestation et donc contribuer aussi à sa consolidation.
    Une série de programmes support dans tous les domaines (animation de la communauté, relation pouvoirs publics locaux, communication, structuration juridique et financière, intelligence collective, design thinking…) imaginés et proposés par les réseaux et dispensés par leurs tiers-lieux pourraient ainsi être financées par le programme tiers-lieux de l’Etat et de ses partenaires.
  • Renforcer le financement de l’ANTL yc en apportant des financements à ses groupes de travail, car ils sont aussi lieux de production de valeur ajoutée pour les tiers-lieux, d’entraide et de consolidation
  • Apporter les financements nécessaires à des temps de rencontre et de partage physiques comme Faire tiers-lieux mais aussi de rencontres inter-réseaux régionaux
    /// Au -delà des financements, la politique publique de soutien aux tiers-lieux peut mobiliser bien d’autres leviers, à mettre en œuvre au niveau national, ou local par les préfectures de région ou de département : mise à disposition de foncier ou d’immobilier sous-utilisé des « domaines », dons de mobilier ou de matériel informatique, commande publique aux tiers-lieux (accueil de séminaire, team building, ateliers d’intelligence collective…), mobilisation des compétences des tiers-lieux pour impulser de l’innovation dans la conduite des politiques publiques, la superbe expérimentation du réseau Sud tiers-lieux avec l’implication SGAR PACA est riche de perspectives ! créer des laboratoires des usages comme le font les grandes villes, multiplier les living lab avec l’appui des tiers-lieux… Des prestations et du chiffre d’affaires pour les tiers-lieux au bénéfice d’un renouveau dans la conduite des politiques publiques de terrain qui en ont souvent bien besoin, de la fertilisation croisées comme on dit…
    /// Enfin la politique publique de soutien aux tiers-lieux, c’est aussi faire avancer et déboucher tous les sujets d’évolutions législatives ou réglementaires dont on a encore besoin.
    J’étais partie pour quelques pistes et finalement, les idées viennent en écrivant, désolée d’une si longue contribution !
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Petite incursion pour rappeler un « danger » de banalisation / de dévitalisation de la portée politique que peuvent avoir les Tiers-Lieux citoyens.

On peut faire le parallèle avec le cheminement des organisations et mouvements d’éducation populaire > de ministère d’Etat à disparition du terme dans les organigrammes aujourd’hui ; du passage de conventions pluriannuelles à une logique de mise en concurrence via AAP, AMI etc. ; d’une fonction émancipatrice à une fonction utilisatrice occupationnelle (activités périsco, mercredi, vacances…).

La portée transformatrice et instituante de ces mouvements, si elle existe toujours, est amoindrie par tous ces effets.

Je me réjouis que la politique actuelle d’accompagnement des TL soit dans une logique pluriannuelle avec une évaluation à postériori ; qu’un des aspects identifié et défendu se fonde sur la participation et la parole citoyenne dans l’espace public : mais n’oublions pas le passé, restons vigilant :slight_smile:

Ainsi, il me parait en effet essentiel de défendre au moins trois points :

  • le financement d’humains et de contenu (animation/développement de collectifs, territoires et réseaux: une fonction clef/socle/indispensable)

  • le maintien d’une politique de financement pluriannuelle portant sur des contrats d’objectifs négociés et non de moyens pré-déterminés, avec une logique d’évaluation socioterritoriale (évaluer la façon dont on chemine et ce que produit le parcours collectif , et pas seulement le delta objectifs visés/atteints)

  • la nécessité d’inclure le critère de participation citoyenne pour des tiers-lieux citoyens ancrés dans leurs réalités locales (et interrogeant les tiers-lieux « publics » - pilotés par des collectivités)

Bonne journée :slight_smile:

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tout à fait d’accord avec toi ! Connais tu des exemples de dispositifs avec des contrats d’objectifs ? Ca pourrait aider à rédiger l’argumentaire. C’est un vrai changement de pratiques pour l’institution…

« La simplicité, c’est la complexité résolue », Brancusi.

J’adore cette phrase : elle est un kit de survie dans la complexité de l’époque (arme fatale pour noyer le poisson et passer à côté de l’essentiel).

Je prends donc le parti d’une contribution compacte ! (également à cause de la pénurie de temps et de moyens qui me/ nous force à surfer sur de nombreux sujets à la fois).

Les points essentiels à nos yeux (je représente le réseau National des Ressourceries et recycleries au sein du CA de l’ANTL) :

1- La défense du fait associatif (ultra menacé par une marchandisation croissante) et de la digue de la non-lucrativité (pour plein de raisons que je n’exposerai pas ici mais a minima pour défendre la culture de la coopération versus le principe de compétition lié au marché régi intrinsèquement par le principe de concurrence). Les moyens à venir devraient être fléchés sur les structures non-capitalistiques qui n’ont pas d’autres leviers pour être financés.

2- Des modalités d’accès aux financements qui n’obligent pas à passer des heures et des nuits à rédiger des dossiers et à rendre compte de ce qu’on fait. L’énergie passée par les dirigeant.e.s de tiers-lieux (et des assos au sens large) dans la consolidation de leur modèle économique pourrait devenir (est déjà) un problème de santé publique :stress majeur, surtravail, nuits d’angoisse…

3- Des financements pluriannuels (pour les mêmes raisons que précédemment)

4- Des modalités de sélection des projets qui intègrent les acteurs ESS du territoire afin d’éviter les effets d’aubaine, des concurrences malsaines, etc…

5- Un projet de loi pour verdir l’industrie est en cours d’étude à l’assemblée (20 milliards d’Euros). A quand un projet de loi comparable (en termes de financements mais bon, avec 1 milliard, on pourra aller de l’avant) pour accompagner les citoyen.ne.s à construire desmodes de vie compatibles avec les limites de la planète ?

6- Une focale forte sur le DEBAT. Comment vivra t’on ensemble sur les territoires quand tomberont sur nous les chocs écologiques à venir ? C’est véritablement notre démocratie sui est en jeu.

7- Enfin, je plaiderai pour ma paroisse (vous me le pardonnerez) : le réemploi solidaire pourrait être un axe du prochain programme et ce, pour plein de raisons :

  • Sa triple dimension inclusive de plein de sujets : environnemental (réduction / prévention des déchets), social (création d’emplois non délocalisables / proposition de biens essentiels à bas coût / dons), sociétal (sensibilisation aux enjeux de surconsommation et environnementaux plus large)
  • La volonté de nos adhérents de développer / renforcer la dimension tiers lieux de leurs activités (on a un fait un référendum fin 2022 et c’est ressorti comme une priorité à leurs yeux)
  • La volonté du RNRR de faire des ponts forts avec les autres écosystèmes via notamment ses 9 associations régionales

Alors que la surconsommation est un sujet majeur (même s’il est clair pour nous que la surproduction est LE problème cardinal), le réemploi solidaire est un formidable levier pour consommer moins et mieux, sensibiliser à ces sujets, créer des ponts et des partenariats avec les Fab Labs et les tiers lieux d’un territoire et mailler l’ensemble du territoire (nous prônons 1 structure de réemploi solidaire / 25 000 habitants).

Je voulais faire court et j’ai fait long mais, c’était clair depuis le début…je ne suis pas Brancusi !

Portez-vous bien dans cette période qui demande d’être porté.e par des émotions énergiques, positives et combatives.

Bien à vous,

Catherine Mechkour di Maria

Secrétaire générale

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Je connais des versions MJC ou Centre Sociaux, qui fonctionnent avec des CPO sur 3 ans (en général). Soit avec des municipalités ou avec la CAF par exemple.

Ca te semblerait intéressant ? Je me renseigne pour récupérer des exemples si jamais.

Je pense qu’il y a en tout cas de l’inspiration à y puiser, ne serait-ce que dans les difficultés de ces organisations qui, en bien des façons, porte la même ambition sociétale que maints Tiers-Lieux :slight_smile:

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Du côté de PiNG, le programme Fabrique de territoire a permis de financer des activités que nous menions déjà au quotidien sans percevoir de financements (accompagnement et orientation pour les porteurs de projets de tiers-lieux des Pays de la Loire notamment, mais aussi du temps de travail de prospective, de production de ressources et de structuration du réseau tiers-lieux en Pays de la Loire), ainsi que d’organiser la mutualisation de l’un des tiers-lieux portés par l’association qui bénéficie désormais à trois autres associations en plus de PiNG, et à leurs usager⋅ères.

Considérant la diversité de nos lieux, il est assez difficile d’imaginer ce que serait une « bonne » politique publique accompagnant les tiers-lieux en général, mais je rejoins les avis précédemment exprimés sur :

  • La défense du fait associatif et de la non-lucrativité
  • le financement d’humains et de contenu (animation/développement de collectifs, territoires et réseaux etc.)
  • la nécessité d’une politique de financement pluriannuelle
  • des modalités de candidature/sélection à la mesure des enveloppes allouées pour ne pas mettre plus à mal un secteur déjà bien essoufflé par la recherche de financement en général
  • s’assurer que les lieux financés soient de réels espaces d’appropriation citoyenne et de vitalité démocratique où peuvent se rencontrer et se croiser, citoyen⋅nes, acteurs publics et privés

Concernant un pilotage déconcentré de cette politique, le SGAR nous semble être un interlocuteur intéressant, car déjà porteur de dispositifs nationaux (comme les Maisons France Services et les CNFS sur la thématique de la médiation numérique).

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Oui, super intéressant ! merci.

Bonjour à toutes et tous,

Merci à l’ANTL d’avoir initié ce débat très riche et important !

Nous avons aussi beaucoup réfléchi à cette situation à la Coopérative Tiers-Lieux (équipe salariée et dirigeante en lien avec les retours des porteurs de projet et sociétaires). Nous déplorons la difficulté à abonder sur le forum sans avoir pu accéder aux données de l’évaluation des Fabriques car cela nous aurait permis de mesurer l’utilité des dispositifs (satisfaction du point de vue des destinataires directs et indirects) et les conséquences socioéconomiques.

Pour autant, nous souhaitons faire état de nos propres constats et ressentis terrain et partager les retours compilés des acteurs sur la continuité des dispositifs. Concernant le “comment”, nous avons évidemment beaucoup de choses à dire mais il nous semble important de revenir sur la pertinence de l’action publique (et par ailleurs, il y a déjà de nombreuses contributions au sujet “comment”).

1. Pertinence de la politique publique / Quels objectifs pour demain ?

Que cherche-t-elle à produire ? Pourquoi la puissance publique doit-elle intervenir ?

Les objectifs du programme sont-ils justifiés par rapport aux besoins ? Leur raison d’être est-elle encore démontrable ?

Souvent, l’urgence pour les tiers-lieux est à la pérennisation de leur activité propre et pas au développement de nouvelles activités pour le soutien d’autres tiers-lieux, surtout qu’il y a déjà des réseaux régionaux pour cela.

Il nous semble important de travailler davantage ensemble pour :

  • Ouvrir les portes des tiers-lieux existants en permettant un accueil plus grand public, se donner les moyens de la promesse de l’accueil inconditionnel ;
  • Animer le territoire dans une logique de développement de la citoyenneté, dans le sens de droit de participer aux décisions relatives à la communauté, et de la solidarité entre acteurs ;
  • Instituer et/ou favoriser le développement des innovations en finançant l’animation de la coopération.

→ Débattre sur des objectifs du programme étant donné que le territoire national commence à être bien couvert. Quelles pistes pour conforter l’existant ?

2. Efficacité de la politique publique :

  • Les objectifs ont-ils été atteints par des résultats tangibles ?
  • La coopération est-elle prise en compte ?
  • Est-ce que les instruments mis en œuvre ont produit les effets attendus ?

→ Diffuser largement les résultats de l’évaluation de la politique publique afin que les acteurs puissent avoir un regard sur l’efficacité du dispositif et nourrir les contributions à venir sur les suites potentielles.

Les résultats sont liés à l’engagement des acteurs sur le terrain. La continuité des emplois relève d’une utilité pour poursuivre et/ou faire grandir les actions.
Sous l’effet levier de la politique publique, des recrutements ont été impulsés mais le modèle économique de l’animation de territoire n’existe pas sans subside public, aussi la pérennité des postes au-delà des 2 ou 3 ans de financement est mise à mal par la logique d’appel à projets qui relève de fonds d’investissement et pas de fonctionnement.

→ Développer une aide à l’emploi associatif structurelle dans le secteur.

Les fonds d’investissement sont révélateurs de ce qu’on appelle le “syndrome de la licorne” au travers de tiers-lieux totémisés et la volonté de créer des marques territoriales (Fabriques, Manufactures, tête de pont territorial) qui ont parfois déséquilibré les relations au niveau local et régional. La logique de “saupoudrage” n’est pas celle qui est choisie par les institutions habituellement. Pour autant, on constate que pour beaucoup de lieux, notamment en milieu rural, il “suffirait” d’un soutien de 10K à 20K€ / an pour équilibrer les comptes et ainsi pérenniser cette animation.

Les réponses en cascade aux dispositifs de type appel à projets fatiguent également les équipes, qu’elles soient salariées ou bénévoles. L’ingénierie nécessaire est chronophage. Les déceptions sont nombreuses et cela engendre de l’épuisement professionnel.

→ Réengager des contrats pluriannuels d’objectifs basés sur les subventions de fonctionnement.
→ Intervenir auprès des ressources humaines des tiers-lieux (équipe, bénévoles…) pour rétablir un bien être au sein des tiers-lieux

3. L’accompagnement des lauréats a été organisé de façon différente entre les Fabriques et les Manufactures. Cela génère pas mal d’incompréhension sur le qui fait quoi.
L’incubation pour les lauréats de Manufactures de Proximité nous semble pertinente car il s’agit d’un soutien en ingénierie préalable au soutien financier, permettant de vérifier la pertinence du versement d’une aide publique.

→ Renouveler en rendant éligible les dépenses (d’investissement RH, frais de déplacement, etc) liées à la phase de démonstration et d’ingénierie préalable, coûteuse pour les structures.
→ Réviser le calendrier d’incubation pour permettre une implication pleine et entière des équipes sans pénaliser le tiers-lieu et son quotidien pré-existant qu’il faut mener de front.
→ Déléguer l’incubation aux réseaux régionaux pour les soutenir et enrayer la dilution des relations.

4. Cohérence du dispositif et des dispositifs entre eux

  • (interne) En quoi les différents objectifs contribuent-ils logiquement les uns aux autres ?
  • (interne) Les ressources allouées et outils mobilisés sont-ils à la hauteur des ambitions ?
  • (externe) Les objectifs / actions de notre politique sont-ils complémentaires (redondants) avec ceux des autres acteurs intervenant sur le même sujet / public cible ?

La mise en cohérence et l’adaptation régionale
Concernant le process d’instruction de Fabriques de Territoire, les réseaux régionaux étaient consultés pour donner leur avis sur les projets candidats sans avoir accès aux dossiers des candidats en question. Il était donc difficile de se positionner clairement dans ce contexte.

→ Intégrer les réseaux régionaux dans les revues de projets en leur donnant accès, dans un délai raisonnable, aux dossiers de candidatures des tiers-lieux de leur territoire.
→ Voire déléguer les fonds aux régions pour qu’elles adaptent en fonction de leur avancement dans l’aménagement du territoire et de leurs connaissances des acteurs (ex : modèle de Deffinov).

La labellisation pose de nombreuses questions sur le mouvement des tiers-lieux. D’abord cela crée un biais dans la compréhension de ce qu’est un tiers-lieu car certain.e.s s’imaginent que l’on doit obtenir un label Fabrique ou Manufacture pour devenir tiers-lieu tandis que d’autres sont persuadés d’être tiers-lieux parce qu’ils ont obtenu un financement de l’Etat. En outre cela crée des réseaux de toutes parts (le réseau des Fabriques, celui des Fabriques en consortium, celui des Manufactures, etc) et vient ajouter des nouvelles couches dans l’organisation territoriale des réseaux de tiers-lieux, créant le flou pour les acteurs locaux qui ne savent plus à qui s’adresser : au tiers-lieu du coin ? à la Fabrique locale ? au réseau départemental ? au réseau régional ?

→ Sortir de la logique de label et de marque financeur à l’image de Deffinov délégué aux régions quand cela était possible.

5. Efficience : rapport qualité / prix

  • Est-ce que les objectifs ont été atteints au meilleur coût ?
  • Pourrait-on obtenir plus d’effets pour le même coût ?
  • Des ressources supplémentaires auraient-elles permis d’obtenir plus d’effets ?

Même si les aides tiers-lieux ont été importantes à la sortie des Fabriques et des Manufactures, les ambitions et les engagements pour les acteurs nous ont semblé démesurés par rapport aux fonds versés. Elle a généré une inadéquation homme / projet dans la plupart des cas.

Les nombreux objectifs posés dans le dispositif ont généré de la dispersion et n’ont pas permis, pour beaucoup, d’atterrir sur un équilibre économique viable. Nous pensons que la dégressivité des aides d’investissement est à mettre en place pour éviter de passer de 50K€ à 0K€ l’année d’après. Évidemment, dans le cas d’activité d’utilité sociale forte, nous plaidons pour un maintien des aides dans la durée et garantir ainsi une continuité dans la réponse aux besoins.

L’effet levier sur les collectivités locales et régionales n’a pas été porté dans tous les territoires. Un travail d’organisation Etat / région nous paraît être un bon moyen d’amener les Régions à développer des dispositifs complémentaires.

Voilà, c’est tout pour nous :upside_down_face:.

À bientôt !

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Bonjour,
La contribution du réseau Grand Est est à cette adresse

« Ce sont les Ministres de la Cohésion des Territoires et leurs équipes qui trancheront les réponses à ces questions en dernier recours. La responsabilité politique d’engager les moyens de l’État leur revient. »

S’il en reste…

Actuellement les moyens de l’Etat sont surtout utilisés à réprimer les mouvements de salariés et les citoyens qui se mobilisent face à l’inconsistance des décisions gouvernementales sur l’urgence écologique

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Bonjour à tous,

Savez vous ce qui est fait du travail qui a été produit ici ? Y a il une synthèse de prevue pour du lobying ?
Est-ce que des choses évoluent sur les dispositifs ?

Pour le nouveau dispositif fabrique, à priori non malheureusement, avec de nouveaux biais :

  • Communication le 14 septembre sur le dispositif, réponse pour vendredi 6 octobre (très difficile de monter des consortiums dans de tels délai, ça pousse à des réponses individuelles en concurrence :frowning: )
  • Par chez nous il y a des sous préféctures qui n’ont pas encore le dossier, donc les lieux galèrent à produire leur réponse.

Vous avez les mêmes retours ? Des changements positifs perçus ?

Parce qu’il existe un dossier ? Personne n’est en capacité de nous communiquer une réponse à ce sujet ?
Tu sais où trouver ce dossier ?

Je viens de découvrir la synthèse du sujet dans ce post :
https://forum.tiers-lieux.org/t/les-resultats-du-debat-quelles-suites-pour-la-politique-tiers-lieux-du-ministere-de-la-cohesion-des-territoires/3914

Donc elle existe et a la mérite d’avoir été réalisée, bravo !
Reste à se faire entendre… Ou à porter la parole.

Bonjour,

Nous avons inscrit les éléments de synthèse dans cette autre publication pour faciliter sa visibilité et vous permettre de faire des retours, donner votre avis et vous parler des potentielles actions à venir. Le travail ayant été réalisé en parallèle de la pause estivale, il a pris un peu plus de temps qu’initialement prévu.

https://forum.tiers-lieux.org/t/les-resultats-du-debat-quelles-suites-pour-la-politique-tiers-lieux-du-ministere-de-la-cohesion-des-territoires/3914

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Bonjour Simon, porter la parole a été fait, lorsque l’ANTL a été sollicitée à l’été pour échanger sur le dispositif qui allait être mis en place sur ce financement fabriques. La marge de manoeuvre était faible, les délais courts, et les financements réduits à une année (sachant qu’initialement il ne devait pas y en avoir). Donc en effet, plusieurs points sur lesquels le débat public a permis de faire remonter ces problématiques. On espère bien se faire plus entendre pour les prochaines fois. A bientôt

Euuuh… C’est une blagounette ? :crazy_face: On peut faire un sondage dans les lieux Haut de France pour savoir comment il évalue leur capacité à agir au sein de leur réseau ?

Franchement top !

Mise a part : * Faire confiance aux représentants de l’écosystème qui intègrent l’intérêt collectif et l’intérêt général, dans leurs propres configurations non lucratives et démocratiques (en majorité)

Il y a vraiment un blem’ dans la gouvernance des associations, autant que dans les enteprises (et franchement je passe la notion de lucrativité) : il faut sortir de la représentation. C’est une plaie ! Surtout pour notre mouvement.