Des offres d'emploi pas trés Tiers Lieux

Bonjour,

J’écris ce post spontanément car ça fait plusieurs fois que je suis choqué par des offres d’emploi dans des Tiers Lieux.
Il me semble que derrière cette partie emmergé de l’iceberg il y a une véritable problématique liée au travail en TL.
Est ce que ça mériterait une réflexion, un travail et peut être des actions communes ?

La dernière offre qui m’a fait bondir (ce n’est qu’un bon exemple) c’est celle ci, pour une CC du Nord:
https://forum.tiers-lieux.org/t/offre-demploi-facilitateur-animateur-de-tiers-lieu/1825

Il doit surrement manquer un élément dans « Profil » :

  • « Emploi rĂ©servĂ© aux pieuvres »
    (Huit bras, trois cœurs et neuf cerveaux)
    Il y a forcément une erreur, il doit s’agir d’une annonce pour 2 voir 3 personnes ?
    Comment gérer et animer un musée + un FabLab + un espace de coworking, tout en assurant la communication et la création d’un réseau de partenaires tout.e seul.e ? Are you kidding me ?
    Eventuellement quand tu es une petite asso sans moyens et juste pour le démarrage le temps de recruter ? et encore… Mais pas une CC.
    Et « Bac +5 avec une spécialisation en animation » c’est un cursus que je ne connaissais pas… mais je ne prétend pas tout connaitre non plus.

Bref, on sait tou.te.s que pour être salarié.e en TL il faut avoir eu des expériences multiples, être au four et au moulin, trés disponible, polyvalent.e et multitâche, organisé.e et avoir de bonnes capacités relationnelles avec tout le monde (collègues, usagers, C.A., partenaires etc…)
En gros : un CV « atypique » , un profil d’extra terrestre vu à travers les lunettes du conseiller pôle emploi imprégné de ses petites cases (je n’ai rien personnellement contre un conseiller pôle emploi en particulier, je parle d’un systême).

Mais j’ai l’impression que de plus en plus de structures qui créent des TL proposent des fiches de poste de moins en moins raisonnables :

  1. au niveau de la rémunération par rapport au volume de travail, aux horaires et aux responsabilités. Ce n’est pas nouveau dans l’éduc pop , les assos ou l’ESS en général me direz vous. Je m’agite dans ce domaine depuis presque 25 ans (j’ai occupé presque tous les postes, d’animateur en Emploi Jeune au siècle dernier à directeur aujourd’hui) et c’est une constante : personne ne vient travailler là pour le salaire, sinon ça se saurait.
    Mais quand même. J’ai l’impression que c’est de pire en pire.

  2. au niveau de la faisabilité des missions par une seule personne. On voit couramment 2 voir 3 postes agrégés en une seule offre d’emploi. Qui peut faire ça ?

Quelles sont les risques et les conséquences liées à la création de tels postes ?

  • Burn out du/des salariĂ©s (dĂ©jĂ  cochĂ© :wink:

  • pĂ©rennitĂ© incertaine : projet qui se « casse la gueule » car toutes les tâches sont « mal » faites

  • crĂ©ation d’une culture du TL type « Mac Do » (on ouvre on ferme) ou les valeurs initiales sont ensevelies dans la graisse de la performance et ou le bien ĂŞtre au travail et l’humain en gĂ©nĂ©ral ne sont plus au centre du projet

  • et pour les TL, FTL et les rĂ©seaux : mauvaise image …

Au plaisir de discuter avec vous…

Belle journée,

Rudi Floquet - MANIFACT

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Bonjour Rudi,

Tu fais bien de mettre à jour cela ici, car nous allons lancer (d’ici peu on l’espère, c’est un chantier qu’on pousse auprès du ministère du Travail) une étude avec la DGEFP et l’AFPA service public, direction de la prospective métiers, sur un état des lieux de la filière tiers-lieux.
Il est prévu dans l’étude une cartographie des métiers, compétences, formations, avec analyse des qualifications, nécessaires à la filière.
Une analyse des offres d’emploi sera faite dans le cadre de l’étude (à travers un outil en ligne), mais je profite donc de ce message pour que vous puissiez ici alerter quand cela doit être fait, on le pointera lors de nos échanges au cours de l’étude.

Cette étude sera réalisée avec le concours des acteurs de terrain - réseaux et tiers-lieux -, déjà mobilisés sur les questions de la formation et de l’emploi, réunis au sein d’un comité technique (en cours également de mise en place)
Le calendrier est en discussion, disons que mi-2022 on espère avoir des éléments à partager avec vous.

Yolaine.

1 « J'aime »

Merci beaucoup Rudi pour ce post. Il y a des offres hallucinantes pour des services civiques. J’ai déjà pousser un coup de gueule par ailleurs contre ce phénomène. J’ai moi-même fait face à ce problème à la conciergerie d’un fablab où j’étais comme tu dis « au four et au moulin ».

Ce qui me pose problème (dans la réponse de Yolaine notamment) c’est l’institutionnalisation et le fonctionnariat qui se développe dans les Tiers-Lieux. Le « (mieux) vivre ensemble » ne se finance pas. J’ai modestement contribué à l’histoire politique des Tiers-Lieux quand le terme a vraiment sous le sens où le connait aujourd’hui. Nous avons besoin de Tiers-Lieux, car nous avons besoin d’espace de libertés.

Ton texte à toute sa place dans Movilab et précisément ici : https://movilab.org/wiki/Réflexions_sur_la_toxicité_et_les_Tiers_Lieux

Je t’invite à contribuer !

Bonjour Yolaine, je ne suis pas d’accord avec vous pour la création d’une filière des métiers des Tiers-Lieux. C’est les projets, les idées, les entrepreneurs, les citoyens qui ont besoin d’aide dans un cadre favorable et conviviale. Une couche métier de plus me semble néfaste dans la situation actuelle. Néanmoins, je serai heureux d’être informé quant à la tenue de ces ateliers.
Aurélien Marty. Formateur de conseillers médiateurs numériques.

Bonjour,
Le sujet est doublement ennuyeux :

  • le poste proposĂ© par cette communautĂ© qui est comme dĂ©jĂ  soulevĂ© un triple poste, ce qui pour une administration reprĂ©sentative de l’Etat pose problème en terme d’exemplaritĂ© quant Ă  la règlementation et les risques socio-professionnels,
  • le traitement de l’annonce qui dĂ©montre la mĂ©connaissance du sujet et des enjeux et qui risque d’amener dĂ©ception quand Ă  la mise en Ĺ“uvre de ce lieu.

Pour ce qui est de l’annonce de Yolaine, je trouve qu’il est très intéressant de soulever la question de l’emploi et des emplois à condition que le scope soit bien séparés entre ceux de la fonction publique pour accompagner l’émergence de ces lieux et ceux inhérent à leur fonctionnement. Une étude ainsi que le livre blanc (cf post ELODIE CARCENAC - [Appel à sensibilisation / expliquer le TL aux acteurs publics (livre blanc)]) permettant l’accompagnement des collectivités peuvent peut-être redéfinir le périmètre de chacun.
Faire tiers-lieux et faire des tiers-lieux sont bien des choses distinctes; et si les pouvoirs publics veulent recréent du lien social et les conditions de la redynamisation des territoires, de la restauration du pacte social (vivre ensemble, faire ensemble, etc) en nous permettant de faire tiers-lieux, la question des emplois et des moyens à mettre en œuvre sont une belle façon de les y aider, je pense. Je suis curieuse de voir cette enquête issue de France Tiers-lieux ainsi que le livre blanc de Elodie Carcenac.

Bonjour,

La création d’une filière professionnelle peut-être bénéfique pour certaines personnes mais
il ne faudrait pas perdre de vue qu’une partie des créateurs-trices et animateurs-trices de ce genre de lieux sont, pour une partie d’entre eux, des personnes qui se sont précisément affranchies des filières professionnelles. La création de ces lieux sont souvent l’aboutissement, non pas d’une formation professionnelle, mais d’une trajectoire de vie, d’un environnement, de rencontres, de découvertes, d’engagements et de prédispositions personnelles.

Si nous partions de l’idée qu’il suffit d’intégrer une filière et d’additionner des compétences dans un cadre prédéfini pour créer ou animer un lieu, nous risquerions de négliger deux dimensions essentielles : l’informel et le temps long.

Stéphane
www.cestdejaca.fr