Quelles suites pour la politique tiers-lieux du ministère de la Cohésion des Territoires?

Pour la création du Cimetière des Quart-lieux, on est plusieurs à s’en charger déjà, ça va aller, merci :-))))
Par contre, on veut bien: l’octroi d’un financement au Cimetière des Quart-lieux pour sauver de l’endettement( + des impayés de loyers + de salaires + de factures + des fournisseurs) les porteurs motivés de tiers-lieux devenus des fossoyeurs de quart-lieux dégoutés!!!
Y a sûrement d’autres choses à demander comme un fond d’urgence, de solidarité, de soutien, mais « on peut pas, on creuse »!!!
#oùestlargent #pascheznous

1 « J'aime »

Merci Simon pour ce super article, bien documenté. Ca permet d’avancer sur les propositions à faire remonter à l’Etat ! D’ailleurs, je me permets de préciser un point qui apparaît dans ta contribution : l’ANTL ne finance pas directement les fabriques de territoire. Il s’agit d’un financement d’Etat, c’est donc l’Etat qui décide de l’attribution ou non des fonds. L’ANTL n’est pas décisionnaire. Autre point plus personnel, on est nombreux à militer pour ne pas faire de distinction entre les lieux financés et les autres, et accorder la même attention à tous les tiers-lieux. C’est vrai que l’Etat a financé un poste pour animer les fabriques et un autre pour les manufactures de proximité par exemple. Moi ça ne me pose pas de problème particulier si ça permet de les faire jouer collectif et créer du commun :wink:

Pourquoi ?

Parce que…

Plus sérieusement je pense qu’il y a 10 ans en arrière ces propositions auraient eu du sens, aujourd’hui les enjeux n’ont plus la même urgence. C’est pourquoi j’aimerai d’avantage entendre / lire du pourquoi une politique publique pour les TL que comment. Faire des propositions à un Etat qui envoie l’armée lorsque tu veux sauver la ressource en eau je ne suis pas sur que nous ayons les mêmes intérêts et donc les mêmes attentes des Tiers Lieux.

Ne pas vouloir faire de la politique avec les tiers lieux pourquoi pas, mais selon moi ce sont les derniers remparts au « parce que »… a condition bien sur qu’ils fassent (réellement) se faire rencontrer des personnes d’univers différents pour proposer des alternatives crédible, et donc faire de la gestion de la cité.

Salut tout le monde,
J’ai tout lu, je tente une petite synthèse, forcément imparfaite, agrémentée de quelques considérations personnelles
Je parle pour moi-même, et non pour le collectif El Capitan ou le réseau TILINO
Les citations sont extraites de ce fil de discussion et du Pad #merciYoann


Quelles suites pour la politique tiers-lieux du ministère de la Cohésion des Territoires?

——

Donc :

:point_right: Sur la partie AMI

  • :dart:Oui il faut pouvoir soutenir de nouveaux projets de fabriques et pas reconduire bêtement les projets existants

Dans l’attente des évaluations, comment affirmer « reconduire bêtement », et pourquoi penser que de nouvelles Fabriques ou Manufs’ feraient mieux

Peut-être “ne pas que reconduire bêtement” mais identifier ce qui “mérite” (quels critères?) d’être reconduit, et permettre à des projets qui n’étaient pas nés ou suffisamment mature de bénéficier d’une nouvelle vague ?

Permettre la poursuive des expérimentations probantes

Relancer une vague en précisant les critères (éviter le phénomène « maison france services » et autre « espaces publiques numériques » transformé.es en fabrique sans âmes) ; notamment en plaçant la co-construction citoyenne à partir du terrain comme critère socle.**

Selon nous, les tiers-lieux ne devraient pas être financés pour être les relais des services publics.

[…] Très peu de coopération, pas de co-construction avec les act.eur.rices locaux ( associations, collectifs citoyens…)

On pourrait aussi exclure les candidatures de collectivités, mais je sais que sur certains territoires, seule la commune ou la com de com est en mesure de porter un tel dispositif.

Je m’interroge sur ce qui est le mieux :

-Permettre aux collectivités de candidater: même en renforçant les critères (par exemple en imposant la présence d’associations locales dans la gouvernance ou encore le salariat d’un vrai poste d’animateur de TL… ), n’est-ce pas à coup sûr continuer à voir émerger des tiers-lieux qui n’en sont pas ?

-Exclure les collectivités et donc, les inciter à favoriser / accompagner des projets citoyens issus du terrain ? Si les collectivités ne peuvent pas candidater en propre, serait-ce un levier pour qu’elle ait une oreille plus attentive à des projets portés par la société civile et y abondent financièrement ? (primo financement local déclenchant les suivants).

  • :dart: “il faut sécuriser les fonctions d’expérimentateur, de fédérateur, de capaciteur d’imprévu (c’est moche mais je n’ai pas trouvé mieux), de créateur d’échanges[…]”

vous avez des financements 3 ans et après ça s’arrête et vous devez trouver un moyen de financer ce poste…
==> Financer des actions qui s’affranchisse de ces temporalités comme par exemple des formes de revenus universels, des foncières solidaires pour racheter les locaux

Voir le tiers-lieu comme une expérimentation de long terme

Dans l’idéal, il s’agirait à terme de passer d’une série d’AMI d’amorçage à une vraie politique publique de soutien aux initiatives citoyennes et aux innovations socioéconomiques ? "Instaurer un lien de confiance avec les collectivités" (tiens, le retour des CPO ??)

  • :dart: Oui il faut intégrer une période d’incubation dans la labellisation et pousser les fabriques à coopérer avec les réseaux régionaux, voire y contribuer activement”

:point_right:Sur la partie réseaux régionaux

  • :dart:Il faut financer et s’appuyer sur les réseaux locaux dont le rôle est de visibiliser et accompagner les projets qui font sens sur le territoire

Les postes de coordination sont les plus difficiles à financer or ils participent à l’animation territoriale, au maillage des acteurs privés/public.

[…]c’est cela qui permet le pouvoir d’agir sur nos territoires.

Autres rôles: construire une parole commune développant du commun à partir des

convergences tout en identifiant et intégrant les divergences.

Maintenir les conditions du dialogue terrain-réseaux-ANTL-GIP

  • :dart: animer la coopération et la mise en commun : c’est un travail à part entière, qui mobilise beaucoup de ressources et de savoir-faire

Sauf à ce que les “lieux ressources” aient les moyens de flécher du vrai temps de travail sur de l’animation de réseau / accompagnement ; j’ai tendance à penser que l’échelle du réseau départemental ou régional (selon les situations, les configurations en place ou en cours de dév…) me semble la bonne pour à la fois être en veille, croiser les regards et expériences (1+1=3) et proposer un accompagnement aux porteurs de projets et TL…

Le tout en élaborant une parole commune à même d’alimenter un plaidoyer

Je comprends mal comment on peut s’appuyer sur les réseaux, s’il n’y a pas de lieux pour les animer - sauf à convenir que les réseaux sont animés par d’autres, et donc considérer qu’il y a différents modèles qui ont pour objectifs que les RR vivent pour eux-même

Je prends l’exemple de Tilino en Normandie: réseau issu du terrain, constitué de TL souhaitant faire émerger un réseau régional en prise avec la réalité des terrains. Le CA, constitué de représentants des TL normands, assure l’orientation politique qui doit répondre aux enjeux concrets des lieux adhérents. L’animation est assurée par un chargé de mission salarié.

Il me semble que dans ce format, le réseau à des moyens propres dédiés à la coopération, est en prise avec les réalités des TL adhérents (et au-delà), et peut s’appuyer sur les différents lieux, compétences, etc. des membres du réseau pour développer et mettre en œuvre sa politique ?

  • :dart:Renforcer la place des réseaux dans les jurys des différents programmes

Proposition : que les réseaux régionaux gèrent les enveloppes des politiques publiques comme DEFFINOV ?

S’appuyer sur les relais que sont les réseaux locaux pour identifier et juger, à partir des acteurs de terrain, des projets prioritaires en fonction des différentes réalités locales > vers une décentralisation d’une politique publique TL ?

:point_right:Sur d’autres modalités de financements/d’accompagnement

  • :dart:Problématique de pérennité financière pour les lieux dont la finalité est ancré dans un autre modèle social qu’entrepreneurial / économique.

Comment soutenir les lieux, par exemple en milieu rural, donc la plus-value se trouve autant, si ce n’est davantage, dans leur rôle d’espaces de centralités, de rencontres, de lien social ; parfois en béquille des services publics ?

Financer la simple existence de ces lieux comme bases communes d’expérimentation sociale et économique sans but lucratif

les Tiers-Lieux participent à la transformation de l’action publique en remettant les usagers, citoyens au coeur des débats

position : pour le financement public mais pas sur des activités économiques

Ne plus financer de lieux en SAS classique

Financer du poste d’animation sociale locale pour les tiers-lieux identifiés comme espaces centrales de sociabilités participant à la revitalisation d’espaces ruraux, déshérités, fragilisés…

Quel lien avec la CAF, parfois on se rapproche assez d’un EVS / Centre Social. D’ailleurs différents CS s’identifient aujourd’hui comme TL, ou s’intéressent à cette dynamique notamment dans sa dimension d’économie de proximité. #hybridation

  • :dart:Quelques soit la formule ou les formules, l’acculturation et l’accompagnement des élus est toujours autant nécessaire, voir davantage à mesure que la terminologie TL se diffuse

  • :dart:Il faut aussi tester des appels à communs, et d’autres modalités d’action publique

organiser des rencontres entre les potentiels candidats avec les réseaux régionaux, quitte à travailler à ce moment là une logique de partage d’enveloppe sur le territoire […]

Financer davantage les expérimentations autour des Communs : le modèle des TL s’émancipe du modèle capitaliste aussi en ce qu’il met au cœur de son modèle le partage libre des connaissances. Ne marchandisons pas nos savoirs, produisons ensemble du commun.

  • :dart:faire évoluer les normes, RAPIDEMENT, pour qu’un certain nombre de contraintes qui pèsent sur les Tiers-lieux, en lien avec le bâtiment, les taxes etc. soient moins lourdes et faciliter l’accès au foncier et au bâti des collectifs citoyens porteurs de Tiers-lieux.”

  • :dart:L’évaluation d’un tiers-lieu ne peut pas se faire sur dossier. […] Inventer une modalité d’évaluation, critérisée bien-sûr, mais à base de rencontres et de visites

Défendre une méthode d’évaluation inspirée de l’approche socioterrioriale ? Mettant en exergue la façon de cheminer et non les simples résultats terminaux ?

  • :dart:Financer de l’ingénierie initiale d’amorçage pour la construction des collectifs et tiers lieux

Ces partenariats collectivités / collectifs citoyens demandent de l’ingénierie. Or les appels à projets exigent que les partenariats soient déjà construits.

  • :dart:Participer au financement de démarche de recherche-action

Une politique publique des Tiers-Lieux doit financer la recherche-action sur ces sujets pour favoriser les changements de normes. Est-ce que ça veut dire financer des tiers-lieux et des expérimentations pilotes qui produisent du commun au service de l’ensemble des Tiers-Lieux? Est-ce que ça veut dire financer des expertises avant tout?

Le soutien aux démarches de recherche / recherche-action permettrait de mieux mesurer (et donc défendre) les externalités positives de ces ingénieries systémiques, et des TL eux-même.

Investir dans l’innovation sociale. La R&D sociale et le tiers secteur de la recherche sont en dehors des radars et il n’existe aucun soutien clair à l’innovation sociale.

Vers une enveloppe / un dispositif axé sur du co-financement de recherche-action ?

:point_right:Sur le rôle et le positionnement politique de l’ANTL

  • :dart:d’avantage entendre / lire du pourquoi une politique publique pour les TL que comment. Faire des propositions à un Etat qui envoie l’armée lorsque tu veux sauver la ressource en eau je ne suis pas sur que nous ayons les mêmes intérêts et donc les mêmes attentes des Tiers Lieux.”

Quelle démarche existe aujourd’hui pour rédiger une note, qui émanerait de l’ANTL et:

-soulignerait les points de convergences
-défendrait une position commune consentie (revoir le principe du consentement)
-identifierait les divergences

Ne serait-ce pas une des fonctions de l’exercice en cours -si du moins il n’évacue pas l’aspect politique ?

:thinking:Par exemple, le tiers-lieu idéal est-il plutôt celui qui subordonne son projet social à son projet économique ou le contraire ? (les politiques et le gvt actuel étant à priori davantage sur le volet entrepreneurial).
:thinking:Un tiers-lieu qui accueille X artisants, makers… en se contentant de louer de l’espace: est-ce un tiers-lieu ?
:thinking:Le tiers-lieu se reconnait-il davantage à son hybridation/juxtaposition d’activités socioéconomiques ou bien son réel marqueur est-il dans le lien qu’il fait, la construction de communs qu’il permet ?

Pour moi, les TL devraient fondamentalement participer à la construction d’autres façons de faire territoire. Or, faire territoire c’est effectivement tisser du lien entre chaque strate du système: habitants/société civile/état/collectivités locales…
[Tiers-Lieux, Territoires, Individus et Sociétés: quel rôle des TL dans le développement social territorial ?]

#Tiers-lieux pour un renouveau social, économique et écologique : :magic_wand: vers un nouveau pacte social au croisement d’un service public et de démocratie participative ?:sparkles::sparkles::sparkles::sparkles:

—-

Petite question pour la fin: peut-on faire tiers-lieu sans faire d’éducation populaire ?

Désolé pour le pavé… .

Tom

2 « J'aime »

Bonjour à tous,

Voici les compte-rendus des échanges qui se sont tenus en visio sur ce sujet. Vous avez été plus de 30 à participer aux discussions, d’un peu partout en France (Réunion, Auvergne-Rhône-Alpes, Normandie, Corse, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine…).

Échanges du 17 mai 2023 - Accessible en cliquant ici

Échanges du 23 mai 2023 - Accessible en cliquant ici

Des discussions très riches, nourries de nombreux retours d’expériences et qui permettent de faire ressortir plusieurs pistes de propositions.

Nous avons également reçu près de 40 contributions via le formulaire que nous prendrons le temps d’analyser.

Au plaisir de poursuivre le débat ici sur le forum !

Bonne journée à tous,
Rémy Seillier

Avons nous réalisé une étude d’impact sur l’ensemble des TL financés par les fabriques de Territoires , et par extension, l’impact de ce financement sur l’ensemble des TL?

Merci

2 « J'aime »

Bonjour,

« Grâce aux travaux de l’association, mais aussi à l’action quotidienne des tiers-lieux au cœur des territoires, qui démontrent chaque jour un peu plus le caractère essentiel de ces dynamiques, le soutien aux tiers-lieux reste une priorité importante pour l’État, plusieurs ministères souhaitent poursuivre leur engagement aux tiers-lieux en 2023 et 2024. »

Il a été proposé à notre structure (un café culturel associatif) de rejoindre le réseau d’une « fabrique de territoire » il y a 3 ans. Ambiance sympa, beaucoup de réunions, beaucoup de textes. Mais pour y faire quoi, concrètement ? Pour en arriver où ? On ne sait pas.

Notre structure en milieu rural et ses 300 adhérents seront ravis d’apprendre que le soutien aux tiers-lieux reste une priorité importante pour l’Etat et que plusieurs ministères souhaitent poursuivre leur engagement en 2023 et 2024.

Bien que ces dernières années il n’a pas été constaté en faveur d’un tiers-lieu comme le nôtre, les prémices du début du commencement d’un soutien quelconque de la part de l’Etat ou d’un de ses ministères , il faut au moins espérer que ces personnes engagées dans cette priorité importante se sont trouvée une occupation gratifiante et dignement rémunératrice.

1 « J'aime »

Résultat ou cheminement ?

Bonjour @Cestdejaca , qu’est-ce qui selon toi devrait être amélioré pour que justement les politiques publiques vous apportent un soutien et pour quoi?

Le soutien aux tiers-lieux reste une priorité importante pour l’État, plusieurs ministères souhaitent poursuivre leur engagement aux tiers-lieux en 2023 et 2024.

Notre association anime un tiers-lieu associatif de 300 adhérents en milieu rural. Elle accueille chaque mois des petits producteurs bio, des comédiens, des musiciens, des artistes des arts plastiques, des collégiens, des réfugiés, des associations, des groupes de parole pour les mères isolées, pour les parents dont les enfants sont porteurs de handicap…

Depuis 2017, pourriez-vous svp nous rappeler en quelle année, quel jour et à quelle heure, l’Etat et ses ministères ont apporté un soutien à notre tiers-lieu.
Dans notre historique ce soutien n’est mentionné nulle part.

3 « J'aime »

Bonjour à toutes et à tous,

Super toutes ces contributions de qualité ! Je peux tenter de compléter en parlant de mon point de vue qui n’engage ni l’ANTL (dont je suis administrateur), ni le réseau régional que je co-coordonne A+ c’est mieux ! ni le tiers-lieu auquel je contribue La Tréso (labellisé Fabriques de T).

  • Le programme Fabrique de Territoire a été lancé avec un processus inverse de ce que font et prônent les tiers-lieux : une opportunité politique très incarnée, peu de prises de considération des dynamiques existantes (malgré les rapports les analysant) et de leurs visions/méthodes, un manque d’écoute de l’écosystème dans son besoin préalable ou en synchrone d’une structuration solide à l’échelle régionale, intermédiaire entre l’Etat/échelle nationale et les tiers-lieux locaux, permettant de lier les dynamiques entre elles, de travailler ensemble plutôt qu’en concurrence, d’avoir des facilitateur·rices support et de la représentation à cette échelle (nécessaires quand on a la tête dans le guidon sur son territoire). Il y a aussi eu un saupoudrage territorial assez flagrant (ayant participé à un des jurys) où la qualité du projet pouvait passer après la nécessité de couvrir une zone non pourvue en « Fabriques » labellisées ou après un soutien politique fort (projets avec la capacité de faire du lobbying à l’échelle nationale, difficile pour un tiers-lieu citoyen qui se démène sur son territoire…).

  • On a réussi à compenser ces manques au fil de l’eau mais la confiance entre l’écosystème et l’Etat aurait été bien meilleure dès le départ s’il y avait eu une vraie écoute et implication de ceux qui charbonnaient depuis quelques années / décennies pour certains sur le sujet. Gros espoir donc que la remontée à l’Etat des résultats de ce débat soit lu et bien entendu.

Pour en venir à la continuité de ce programme d’Etat de soutien aux tiers-lieux :

  • Le terme « Fabrique de Territoire » a pu créer de la confusion avec la notion de tiers-lieux déjà pas simple à appréhender, de même que pour le terme "Manufactures de Proximité » avec les ateliers partagés / fablabs… Donc pourquoi pas utiliser tout simplement la notion de tiers-lieux et ateliers partagés plutôt que de « packager » un nouveau terme qui sort de nul part. Et bien-sûr ne pas créer de dynamiques d’animation à côté de l’écosystème se fédérant et organisant son animation, créant de la confusion et un système à 2 vitesses (les labellisés et le « reste du monde »…).

  • En finançant de l’exploitation non affectée (ou peu affectée), le programme Fabriques a été une véritable bouffée d’air pour des tiers-lieux faisant déjà depuis de longues années un travail de médiation territoriale / sociale, de mixité/inclusion au sein de l’espace, d’animation de gouvernance partagée, de documentation, de soutien à des ressources mutualisées, etc. Et c’est bien là son apport principal, le financement d’exploitation étant de + en + rare. A La Tréso, nous avons créé un consortium avec CASACO, tiers-lieu complémentaire à proximité, et nous avons intégré ces 50k € / an dans notre budget pour appuyer des tarifs sociaux facilitant la mixité sociale, de l’animation avec/entre acteurs territoriaux (débouchant sur des projets concrets), de l’animation de la vie coopérative, des formats de débats citoyens, etc qui avant été réalisés bénévolement, avec du burn-out à la clé.

  • Après les phases de financement du contenant, les tiers-lieux ont désespérément besoin de financement pour le contenu ! (ce qu’on répète à tous les financeurs/institutions voulant absolument financer de nouveaux tiers-lieux en investissement). Donc sur cette continuité de programme de politique publique, il faudrait continuer à financer en exploitation les tiers-lieux labellisés ayant prouvé leur utilité territoriale et leur animation territoriale (50% ?), financer des tiers-lieux existants non labellisés (et non des projets non éclos, il y a suffisamment de tiers-lieux qui survivent au quotidien !) qui auraient déjà prouvés leur utilité territoriale (30% ?). Mais il faudrait aussi financer des contenus / ressources partagées entre tiers-lieux (20% ?). Cela pourrait permettre de financer des outils partagés mais aussi et surtout des humains pour mutualiser sur des fonctions supports et donner une réponse à l’épuisement professionnel lié à l’extrême polyvalence subi et l’isolement des travailleurs de tiers-lieux. On parle souvent de médiateur social/culturel/territorial, régisseur, chargé de coopération, communication, commercialisation qui seraient partagés entre plusieurs lieux…

  • Sur le processus, tout à fait en phase avec l’idée d’un appel à communs @SimonSarazin donnant de la visibilité aux projets avant leur sélection, permettant la mise en coopération, utilisant mieux les outils numériques pour le suivi, facilitant la transparence dans le processus… En cohérence avec notre culture tiers-lieu.

  • Des phases d’accompagnement préalable comme avec les Manufactures de Proximité sont intéressantes et pourraient être conservés. Mais sans la longue attente de versement de subvention que la plupart des Manufactures ont eu l’air de subir…

  • Il me semble fondamental de décentraliser la mise en oeuvre de ce programme. Cela a pu être testé sur DEFFINOV, avec plus ou moins de succès, mais cela a au moins eu le mérite de poser un cadre de coopération entre des agents publics régionaux et des représentants de réseaux régionaux. Nous avons besoin d’une plus grande proximité dans la mise en place de politique publique, et d’adaptation des programmes à chaque réalité et besoins territoriaux.

  • Si jury il y a, bien-sûr associer les nombreuses parties prenantes de l’écosystème, au-delà de la puissance publique, aussi dans l’ESS, l’éducation populaire, la culture, les syndicats (si on parle amélioration du travail…)…

Les attentions à conserver sur ce programme mais aussi pour la politique publique des tiers-lieux en général :

  • Financer des humains, pas seulement des machines et des murs
  • Financer du contenu plus que les contenants !
  • Faire confiance aux représentants de l’écosystème qui intègrent l’intérêt collectif et l’intérêt général, dans leurs propres configurations non lucratives et démocratiques (en majorité)
  • Envisager des adaptations des programmes à l’échelle de chaque région, en lien avec les acteurs sur cette échelle
  • Ne pas déshabiller les collectivités locales pour redonner aux tiers-lieux, ne pas fermer des services publics de proximité pour après y « réinstaller" des « tiers-lieux ».
  • Ne pas donner toutes les responsabilités du mieux-être de la société française aux tiers-lieux (qui sont donc majoritairement accepté dans l’écosystème comme étant "des espaces de sociabilité d’initiative citoyenne, où une communauté peut se rencontrer, se réunir, échanger et partager ressources, compétences et savoirs »).

Et je compléterais certainement, pas eu le temps d’aller plus loin… Merci pour ce débat en tout cas et hâte de lire vos contributions !

6 « J'aime »

Un des grands mérites de certains tiers-lieux labellisés « fabrique de territoire » est d’avoir rempli un dossier de candidature.

On peut trouver à quelques kilomètres d’une « fabrique de territoire », un autre tiers-lieu qui remplit exactement les mêmes missions, parfois avec davantage de compétences, et qui n’est pas labellisé pour la simple raison que son équipe n’a pas candidaté.

Cette constatation illustre la méconnaissance du terrain que peuvent avoir les personnes chargées de ces procédures de labellisation et, plus préoccupant, la légèreté avec laquelle est utilisé l’argent public.

2 « J'aime »

bonjour à toutes et tous, merci pour toutes ces nouvelles contributions, cela donne envie de continuer ! quelques elements de réflexion complementaire …
Partons de quelques éléments de bilan du programme Nouveaux lieux - nouveaux liens
/// Fabriques de territoire
. Un engagement fort de l’Etat, visible, conséquent, qui a eu un effet de levier et d’entrainement majeur des collectivités territoriales : les régions, notamment celles qui étaient encore peu impliquées, les métropoles, les communautés de communes. Je prends l’exemple de la Palanquée : jamais nous n’aurions réussi à convaincre les pouvoirs publics locaux, très éloignés de cette culture, de l’intérêt de notre projet en l’absence de cette volonté politique de l’Etat.
. 300 fabriques de territoire ! une ambition et un effort financier de l’Etat sans précédent sans lequel de nombreux tiers-lieux n’auraient pas vu le jour, en tout cas, pas aussi vite et pas aussi diversifiés sur le territoire (TL dans petites villes et zones rurales notamment).
La subvention allouée de 150 K€ était conséquente mais pas exceptionnelle : à titre comparatif dans l’ESS, les subventions accordées aux PTCE dans les AAP de 2014 et de 2016 allaient jusqu’à 500 K€ sur 3 ans, de même pour les subventions La France s’engage. Mais dans les 2 cas, les AAP étaient beaucoup plus restrictifs et n’ont retenu qu’un 50aine d’initiatives pour les PTCE et de 90 environ pour La France s’engage (de mémoire). C’est l’ambition en termes de nombre de TL et de diffusion sur le territoire qui est exceptionnelle, et particulièrement pertinente dans le cas des tiers-lieux qui opèrent dans la proximité. C’était rompre le credo unique « changer d’échelle « et faire grandir les entreprises de l’ESS » qui a conduit à subventionner toujours les mêmes, ce qui a beaucoup de limites.

Des modalités de subvention tenant compte des critiques souvent émises : le choix du pluri-annuel, qui a permis à de nombreux TL de se consacrer au cœur de leur projet plutôt que de passer leur temps à faire des dossiers de subvention annuels mais surtout le financement de l’amorçage, l’absence de critère d’ancienneté pour obtenir la subvention, ce qui était très novateur et a permis à de nombreux tiers-lieux de voir le jour. Je souligne cette avancée, une sacrée marque de confiance, peu commune dans les procédures publiques, y compris des régions. Ajoutons également la liberté d’utilisation pour toutes charges de fonctionnement et la simplicité du bilan annuel. Là aussi, les régions ont à en prendre de la graine !

. Une équipe dédiée, disponible et proche du terrain.

/// Je ne parlerai pas du programme manufactures de proximité, que je connais mal.

/// Soutien aux réseaux régionaux
Un axe indispensable. Le niveau régional est appelé à jouer à mon sens un rôle majeur dans la consolidation dans la durée des fabriques et des tiers-lieux qui ont émergé depuis 2018, notamment hors métropole. Les réseaux régionaux qui ont de la bouteille en sont la démonstration, le maillage et la vitalité de leurs tiers-lieux au regard des autres régions en témoignent. Mais, pour le coup, un soutien encore insuffisant.

Au final, avec le soutien de politiques publiques audacieuses (Etat, régions, métropole, certains EPCI, pas tous malheureusement !), la création de France tiers lieux, l’énergie, la créativité, les compétences et richesses humaines des tiers-lieux, le plaisir de faire ensemble, c’est incroyable ce que les tiers-lieux ont produit comme valeur ajoutée sociétale en 4 années ! La rencontre de Bliiida en a été le témoignage. Je ne pense pas qu’on ait beaucoup d’exemples dans d’autres secteurs d’activités d’un tel ratio qualitatif entre valeur sociétale créée et argent public investi.

2 – Quelques pistes pour la suite, répondant aux limites perçues
/// La poursuite d’une politique Tiers-lieux ambitieuse de l’Etat est indispensable. A contrario, ce serait i) ne pas capitaliser sur tout cet effort financier et humain de 4 années, une énorme déperdition, ii) décrédibiliser le mouvement des tiers-lieux dans son ensemble en apportant crédit à ceux qui y voient un phénomène de mode, iii) produire inévitablement un effet de levier négatif (eh oui il joue à double sens) de lâchage ou de désinvestissement progressif des autres collectivités publiques : régions, métropoles, EPCI…
Je ne m’étends pas sur le pourquoi un soutien financier important et pérenne de l’Etat aux TL est non seulement indispensable mais pleinement justifié en terme de bon usage des finances publiques, de par ce que les tiers-lieux apportent au développement (économique écologique culturel solidaire démocratique…) des territoires et à leurs habitants, produisent comme innovation et apportent en terme de contenus et de communs. Ils sont acteurs de la transformation, de la revitalisation de l’implication citoyenne, du renforcement du lien social. Démonstrateurs de solutions et apporteurs d’espoirs d’un autre monde face à la crise sociale et politique profonde que le pays traverse.
/// Pérenniser le soutien financier aux tiers lieux et viser un objectif de consolidation dans la durée
La démonstration étant faite des apports multiples des tiers-lieux dans la vie des cités et des territoires, la préoccupation de politique publique doit être avant tout de leur permettre de s’ancrer dans la durée. Cela implique à mon sens :

  • Sécuriser dans la durée des crédits budgétaires par l’inscription du soutien financier aux tiers-lieux comme une ligne du budget de l’Etat en tant que telle, comme cela a été fait par exemple pour « les territoires d’industrie », autre programme lancé en 2018. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. A titre d’exemple dans l’ESS, si on ne l’avait pas fait lors de la création du DLA (dispositif local d’accompagnement), il ne perdurerait pas depuis plus de 30 ans
  • Accroitre les montants, certes dejà importants, mais qui restent extrêmement limités en comparaison aux financements accordés à d’autres politiques publiques de portée similaire. 1,3 milliards d’€ étaient annoncés entre 2018 et 2022 pour les territoires d’industrie, au final 2 milliards ont été dépensés pour 146 territoires, rassemblant 530 intercommunalités et 1800 projets. En termes de mobilisation d’acteurs sur les territoires, on n’est pas loin, en termes de financements reçus on n’est clairement pas dans le même monde ! sans prétendre à s’approcher de tels montants, l’écart pose grandement question. Ce serait intéressant de faire des comparaisons programme tiers-lieux vs territoires d’industrie d‘évaluation en termes de valeur sociétale créée (économique, écologique, sociale, citoyenne…).
    L’Etat a rassemblé des partenaires pour mobiliser ces financements : banque des territoires, bpifrance, Ademe, pôle emploi … Pourquoi ne pas le faire pour les tiers-lieux ?
  • Doté de montants plus importants, la politique d’appui financier aux tiers-lieux doit sortir d’une approche type 300 fabriques et soutenir tous les tiers-lieux (yc fablab bien sûr) qui en ont besoin pour durer, pour maintenir et développer leurs apports sur les territoires. Cela appelle une révision des modalités d’attribution des subventions. Comme d’autres je m’interroge sur l’octroi de subventions de fonctionnement à des tiers-lieux créés et gérés par des collectivités publiques. Je ne vois pas bien la pertinence en termes d’ingénierie financière publique puisque les collectives reçoivent des subventions de l’Etat pour leur fonctionnement par d’autres voies, et cela n’encourage pas à ce que les collectivités qui souhaitent un tiers-lieu dans leur territoire s’appuient sur des collectifs d’habitants pour les créer et les animer, ce qui est l’essence même d’un tiers-lieu.
    Autres questions : plutôt qu’un montant forfaitaire par tiers-lieu, tenir compte de la situation financière de chacun pour répondre mieux aux besoins et éviter les effets d’aubaine ? le niveau régional/ départemental n’est -il pas plus à même d’instruire les demandes ? restons dans une culture tiers-lieu de proximité, d’autant que les préfectures de département connaissent habituellement les tiers-lieux de leur territoire, et sinon ce sera l’occasion.
  • Pour les raisons évoquées plus haut qu’un tiers-lieu ça se construit dans la durée, surtout dans les territoires petites villes et ruraux, maintenir l’octroi de subvention par conventions pluriannuelles, en visant plutôt 5 ans que 3 ans, si besoin avec une clause de revoyure 3+2 (3 ans avec 2 ans de covid ca a vraiment été insuffisant pour les fabriques nouvellement créées).
  • L’objectif de viser la consolidation des tiers-lieux n’exclue bien sûr pas de financer l’émergence de nouveaux tiers-lieux dans des territoires qui en manque.
    /// Soutenir le développement et la consolidation des tiers-lieux passe aussi par un soutien renforcé aux réseaux régionaux, aux réseaux thématiques, à l’ANTL
  • J’ai déjà évoqué le rôle majeur des réseaux régionaux, auxquels j’ajoute les réseaux thématiques pour le partage d’expériences et le transfert de savoir- faire : ils ne peuvent fonctionner, perdurer, produire de la valeur ajoutée pour les tiers-lieux sans des financements pérennes conséquents de l’Etat.
  • Outre les charges de fonctionnement et des charges salariales quand il y a des salariés, le financement par l’Etat de prestations de support apportées via les réseaux par des tiers-lieux pour des tiers-lieux aurait un double effet kisscool : 1/contribuer à la montée en compétences et à la consolidation des tiers-lieux bénéficiaires 2/ générer du chiffre d’affaires pour le tiers-lieu réalisant la prestation et donc contribuer aussi à sa consolidation.
    Une série de programmes support dans tous les domaines (animation de la communauté, relation pouvoirs publics locaux, communication, structuration juridique et financière, intelligence collective, design thinking…) imaginés et proposés par les réseaux et dispensés par leurs tiers-lieux pourraient ainsi être financées par le programme tiers-lieux de l’Etat et de ses partenaires.
  • Renforcer le financement de l’ANTL yc en apportant des financements à ses groupes de travail, car ils sont aussi lieux de production de valeur ajoutée pour les tiers-lieux, d’entraide et de consolidation
  • Apporter les financements nécessaires à des temps de rencontre et de partage physiques comme Faire tiers-lieux mais aussi de rencontres inter-réseaux régionaux
    /// Au -delà des financements, la politique publique de soutien aux tiers-lieux peut mobiliser bien d’autres leviers, à mettre en œuvre au niveau national, ou local par les préfectures de région ou de département : mise à disposition de foncier ou d’immobilier sous-utilisé des « domaines », dons de mobilier ou de matériel informatique, commande publique aux tiers-lieux (accueil de séminaire, team building, ateliers d’intelligence collective…), mobilisation des compétences des tiers-lieux pour impulser de l’innovation dans la conduite des politiques publiques, la superbe expérimentation du réseau Sud tiers-lieux avec l’implication SGAR PACA est riche de perspectives ! créer des laboratoires des usages comme le font les grandes villes, multiplier les living lab avec l’appui des tiers-lieux… Des prestations et du chiffre d’affaires pour les tiers-lieux au bénéfice d’un renouveau dans la conduite des politiques publiques de terrain qui en ont souvent bien besoin, de la fertilisation croisées comme on dit…
    /// Enfin la politique publique de soutien aux tiers-lieux, c’est aussi faire avancer et déboucher tous les sujets d’évolutions législatives ou réglementaires dont on a encore besoin.
    J’étais partie pour quelques pistes et finalement, les idées viennent en écrivant, désolée d’une si longue contribution !
3 « J'aime »

Petite incursion pour rappeler un « danger » de banalisation / de dévitalisation de la portée politique que peuvent avoir les Tiers-Lieux citoyens.

On peut faire le parallèle avec le cheminement des organisations et mouvements d’éducation populaire > de ministère d’Etat à disparition du terme dans les organigrammes aujourd’hui ; du passage de conventions pluriannuelles à une logique de mise en concurrence via AAP, AMI etc. ; d’une fonction émancipatrice à une fonction utilisatrice occupationnelle (activités périsco, mercredi, vacances…).

La portée transformatrice et instituante de ces mouvements, si elle existe toujours, est amoindrie par tous ces effets.

Je me réjouis que la politique actuelle d’accompagnement des TL soit dans une logique pluriannuelle avec une évaluation à postériori ; qu’un des aspects identifié et défendu se fonde sur la participation et la parole citoyenne dans l’espace public : mais n’oublions pas le passé, restons vigilant :slight_smile:

Ainsi, il me parait en effet essentiel de défendre au moins trois points :

  • le financement d’humains et de contenu (animation/développement de collectifs, territoires et réseaux: une fonction clef/socle/indispensable)

  • le maintien d’une politique de financement pluriannuelle portant sur des contrats d’objectifs négociés et non de moyens pré-déterminés, avec une logique d’évaluation socioterritoriale (évaluer la façon dont on chemine et ce que produit le parcours collectif , et pas seulement le delta objectifs visés/atteints)

  • la nécessité d’inclure le critère de participation citoyenne pour des tiers-lieux citoyens ancrés dans leurs réalités locales (et interrogeant les tiers-lieux « publics » - pilotés par des collectivités)

Bonne journée :slight_smile:

3 « J'aime »

tout à fait d’accord avec toi ! Connais tu des exemples de dispositifs avec des contrats d’objectifs ? Ca pourrait aider à rédiger l’argumentaire. C’est un vrai changement de pratiques pour l’institution…

« La simplicité, c’est la complexité résolue », Brancusi.

J’adore cette phrase : elle est un kit de survie dans la complexité de l’époque (arme fatale pour noyer le poisson et passer à côté de l’essentiel).

Je prends donc le parti d’une contribution compacte ! (également à cause de la pénurie de temps et de moyens qui me/ nous force à surfer sur de nombreux sujets à la fois).

Les points essentiels à nos yeux (je représente le réseau National des Ressourceries et recycleries au sein du CA de l’ANTL) :

1- La défense du fait associatif (ultra menacé par une marchandisation croissante) et de la digue de la non-lucrativité (pour plein de raisons que je n’exposerai pas ici mais a minima pour défendre la culture de la coopération versus le principe de compétition lié au marché régi intrinsèquement par le principe de concurrence). Les moyens à venir devraient être fléchés sur les structures non-capitalistiques qui n’ont pas d’autres leviers pour être financés.

2- Des modalités d’accès aux financements qui n’obligent pas à passer des heures et des nuits à rédiger des dossiers et à rendre compte de ce qu’on fait. L’énergie passée par les dirigeant.e.s de tiers-lieux (et des assos au sens large) dans la consolidation de leur modèle économique pourrait devenir (est déjà) un problème de santé publique :stress majeur, surtravail, nuits d’angoisse…

3- Des financements pluriannuels (pour les mêmes raisons que précédemment)

4- Des modalités de sélection des projets qui intègrent les acteurs ESS du territoire afin d’éviter les effets d’aubaine, des concurrences malsaines, etc…

5- Un projet de loi pour verdir l’industrie est en cours d’étude à l’assemblée (20 milliards d’Euros). A quand un projet de loi comparable (en termes de financements mais bon, avec 1 milliard, on pourra aller de l’avant) pour accompagner les citoyen.ne.s à construire desmodes de vie compatibles avec les limites de la planète ?

6- Une focale forte sur le DEBAT. Comment vivra t’on ensemble sur les territoires quand tomberont sur nous les chocs écologiques à venir ? C’est véritablement notre démocratie sui est en jeu.

7- Enfin, je plaiderai pour ma paroisse (vous me le pardonnerez) : le réemploi solidaire pourrait être un axe du prochain programme et ce, pour plein de raisons :

  • Sa triple dimension inclusive de plein de sujets : environnemental (réduction / prévention des déchets), social (création d’emplois non délocalisables / proposition de biens essentiels à bas coût / dons), sociétal (sensibilisation aux enjeux de surconsommation et environnementaux plus large)
  • La volonté de nos adhérents de développer / renforcer la dimension tiers lieux de leurs activités (on a un fait un référendum fin 2022 et c’est ressorti comme une priorité à leurs yeux)
  • La volonté du RNRR de faire des ponts forts avec les autres écosystèmes via notamment ses 9 associations régionales

Alors que la surconsommation est un sujet majeur (même s’il est clair pour nous que la surproduction est LE problème cardinal), le réemploi solidaire est un formidable levier pour consommer moins et mieux, sensibiliser à ces sujets, créer des ponts et des partenariats avec les Fab Labs et les tiers lieux d’un territoire et mailler l’ensemble du territoire (nous prônons 1 structure de réemploi solidaire / 25 000 habitants).

Je voulais faire court et j’ai fait long mais, c’était clair depuis le début…je ne suis pas Brancusi !

Portez-vous bien dans cette période qui demande d’être porté.e par des émotions énergiques, positives et combatives.

Bien à vous,

Catherine Mechkour di Maria

Secrétaire générale

2 « J'aime »

Je connais des versions MJC ou Centre Sociaux, qui fonctionnent avec des CPO sur 3 ans (en général). Soit avec des municipalités ou avec la CAF par exemple.

Ca te semblerait intéressant ? Je me renseigne pour récupérer des exemples si jamais.

Je pense qu’il y a en tout cas de l’inspiration à y puiser, ne serait-ce que dans les difficultés de ces organisations qui, en bien des façons, porte la même ambition sociétale que maints Tiers-Lieux :slight_smile:

1 « J'aime »

Du côté de PiNG, le programme Fabrique de territoire a permis de financer des activités que nous menions déjà au quotidien sans percevoir de financements (accompagnement et orientation pour les porteurs de projets de tiers-lieux des Pays de la Loire notamment, mais aussi du temps de travail de prospective, de production de ressources et de structuration du réseau tiers-lieux en Pays de la Loire), ainsi que d’organiser la mutualisation de l’un des tiers-lieux portés par l’association qui bénéficie désormais à trois autres associations en plus de PiNG, et à leurs usager⋅ères.

Considérant la diversité de nos lieux, il est assez difficile d’imaginer ce que serait une « bonne » politique publique accompagnant les tiers-lieux en général, mais je rejoins les avis précédemment exprimés sur :

  • La défense du fait associatif et de la non-lucrativité
  • le financement d’humains et de contenu (animation/développement de collectifs, territoires et réseaux etc.)
  • la nécessité d’une politique de financement pluriannuelle
  • des modalités de candidature/sélection à la mesure des enveloppes allouées pour ne pas mettre plus à mal un secteur déjà bien essoufflé par la recherche de financement en général
  • s’assurer que les lieux financés soient de réels espaces d’appropriation citoyenne et de vitalité démocratique où peuvent se rencontrer et se croiser, citoyen⋅nes, acteurs publics et privés

Concernant un pilotage déconcentré de cette politique, le SGAR nous semble être un interlocuteur intéressant, car déjà porteur de dispositifs nationaux (comme les Maisons France Services et les CNFS sur la thématique de la médiation numérique).

2 « J'aime »

Oui, super intéressant ! merci.

Bonjour à toutes et tous,

Merci à l’ANTL d’avoir initié ce débat très riche et important !

Nous avons aussi beaucoup réfléchi à cette situation à la Coopérative Tiers-Lieux (équipe salariée et dirigeante en lien avec les retours des porteurs de projet et sociétaires). Nous déplorons la difficulté à abonder sur le forum sans avoir pu accéder aux données de l’évaluation des Fabriques car cela nous aurait permis de mesurer l’utilité des dispositifs (satisfaction du point de vue des destinataires directs et indirects) et les conséquences socioéconomiques.

Pour autant, nous souhaitons faire état de nos propres constats et ressentis terrain et partager les retours compilés des acteurs sur la continuité des dispositifs. Concernant le “comment”, nous avons évidemment beaucoup de choses à dire mais il nous semble important de revenir sur la pertinence de l’action publique (et par ailleurs, il y a déjà de nombreuses contributions au sujet “comment”).

1. Pertinence de la politique publique / Quels objectifs pour demain ?

Que cherche-t-elle à produire ? Pourquoi la puissance publique doit-elle intervenir ?

Les objectifs du programme sont-ils justifiés par rapport aux besoins ? Leur raison d’être est-elle encore démontrable ?

Souvent, l’urgence pour les tiers-lieux est à la pérennisation de leur activité propre et pas au développement de nouvelles activités pour le soutien d’autres tiers-lieux, surtout qu’il y a déjà des réseaux régionaux pour cela.

Il nous semble important de travailler davantage ensemble pour :

  • Ouvrir les portes des tiers-lieux existants en permettant un accueil plus grand public, se donner les moyens de la promesse de l’accueil inconditionnel ;
  • Animer le territoire dans une logique de développement de la citoyenneté, dans le sens de droit de participer aux décisions relatives à la communauté, et de la solidarité entre acteurs ;
  • Instituer et/ou favoriser le développement des innovations en finançant l’animation de la coopération.

→ Débattre sur des objectifs du programme étant donné que le territoire national commence à être bien couvert. Quelles pistes pour conforter l’existant ?

2. Efficacité de la politique publique :

  • Les objectifs ont-ils été atteints par des résultats tangibles ?
  • La coopération est-elle prise en compte ?
  • Est-ce que les instruments mis en œuvre ont produit les effets attendus ?

→ Diffuser largement les résultats de l’évaluation de la politique publique afin que les acteurs puissent avoir un regard sur l’efficacité du dispositif et nourrir les contributions à venir sur les suites potentielles.

Les résultats sont liés à l’engagement des acteurs sur le terrain. La continuité des emplois relève d’une utilité pour poursuivre et/ou faire grandir les actions.
Sous l’effet levier de la politique publique, des recrutements ont été impulsés mais le modèle économique de l’animation de territoire n’existe pas sans subside public, aussi la pérennité des postes au-delà des 2 ou 3 ans de financement est mise à mal par la logique d’appel à projets qui relève de fonds d’investissement et pas de fonctionnement.

→ Développer une aide à l’emploi associatif structurelle dans le secteur.

Les fonds d’investissement sont révélateurs de ce qu’on appelle le “syndrome de la licorne” au travers de tiers-lieux totémisés et la volonté de créer des marques territoriales (Fabriques, Manufactures, tête de pont territorial) qui ont parfois déséquilibré les relations au niveau local et régional. La logique de “saupoudrage” n’est pas celle qui est choisie par les institutions habituellement. Pour autant, on constate que pour beaucoup de lieux, notamment en milieu rural, il “suffirait” d’un soutien de 10K à 20K€ / an pour équilibrer les comptes et ainsi pérenniser cette animation.

Les réponses en cascade aux dispositifs de type appel à projets fatiguent également les équipes, qu’elles soient salariées ou bénévoles. L’ingénierie nécessaire est chronophage. Les déceptions sont nombreuses et cela engendre de l’épuisement professionnel.

→ Réengager des contrats pluriannuels d’objectifs basés sur les subventions de fonctionnement.
→ Intervenir auprès des ressources humaines des tiers-lieux (équipe, bénévoles…) pour rétablir un bien être au sein des tiers-lieux

3. L’accompagnement des lauréats a été organisé de façon différente entre les Fabriques et les Manufactures. Cela génère pas mal d’incompréhension sur le qui fait quoi.
L’incubation pour les lauréats de Manufactures de Proximité nous semble pertinente car il s’agit d’un soutien en ingénierie préalable au soutien financier, permettant de vérifier la pertinence du versement d’une aide publique.

→ Renouveler en rendant éligible les dépenses (d’investissement RH, frais de déplacement, etc) liées à la phase de démonstration et d’ingénierie préalable, coûteuse pour les structures.
→ Réviser le calendrier d’incubation pour permettre une implication pleine et entière des équipes sans pénaliser le tiers-lieu et son quotidien pré-existant qu’il faut mener de front.
→ Déléguer l’incubation aux réseaux régionaux pour les soutenir et enrayer la dilution des relations.

4. Cohérence du dispositif et des dispositifs entre eux

  • (interne) En quoi les différents objectifs contribuent-ils logiquement les uns aux autres ?
  • (interne) Les ressources allouées et outils mobilisés sont-ils à la hauteur des ambitions ?
  • (externe) Les objectifs / actions de notre politique sont-ils complémentaires (redondants) avec ceux des autres acteurs intervenant sur le même sujet / public cible ?

La mise en cohérence et l’adaptation régionale
Concernant le process d’instruction de Fabriques de Territoire, les réseaux régionaux étaient consultés pour donner leur avis sur les projets candidats sans avoir accès aux dossiers des candidats en question. Il était donc difficile de se positionner clairement dans ce contexte.

→ Intégrer les réseaux régionaux dans les revues de projets en leur donnant accès, dans un délai raisonnable, aux dossiers de candidatures des tiers-lieux de leur territoire.
→ Voire déléguer les fonds aux régions pour qu’elles adaptent en fonction de leur avancement dans l’aménagement du territoire et de leurs connaissances des acteurs (ex : modèle de Deffinov).

La labellisation pose de nombreuses questions sur le mouvement des tiers-lieux. D’abord cela crée un biais dans la compréhension de ce qu’est un tiers-lieu car certain.e.s s’imaginent que l’on doit obtenir un label Fabrique ou Manufacture pour devenir tiers-lieu tandis que d’autres sont persuadés d’être tiers-lieux parce qu’ils ont obtenu un financement de l’Etat. En outre cela crée des réseaux de toutes parts (le réseau des Fabriques, celui des Fabriques en consortium, celui des Manufactures, etc) et vient ajouter des nouvelles couches dans l’organisation territoriale des réseaux de tiers-lieux, créant le flou pour les acteurs locaux qui ne savent plus à qui s’adresser : au tiers-lieu du coin ? à la Fabrique locale ? au réseau départemental ? au réseau régional ?

→ Sortir de la logique de label et de marque financeur à l’image de Deffinov délégué aux régions quand cela était possible.

5. Efficience : rapport qualité / prix

  • Est-ce que les objectifs ont été atteints au meilleur coût ?
  • Pourrait-on obtenir plus d’effets pour le même coût ?
  • Des ressources supplémentaires auraient-elles permis d’obtenir plus d’effets ?

Même si les aides tiers-lieux ont été importantes à la sortie des Fabriques et des Manufactures, les ambitions et les engagements pour les acteurs nous ont semblé démesurés par rapport aux fonds versés. Elle a généré une inadéquation homme / projet dans la plupart des cas.

Les nombreux objectifs posés dans le dispositif ont généré de la dispersion et n’ont pas permis, pour beaucoup, d’atterrir sur un équilibre économique viable. Nous pensons que la dégressivité des aides d’investissement est à mettre en place pour éviter de passer de 50K€ à 0K€ l’année d’après. Évidemment, dans le cas d’activité d’utilité sociale forte, nous plaidons pour un maintien des aides dans la durée et garantir ainsi une continuité dans la réponse aux besoins.

L’effet levier sur les collectivités locales et régionales n’a pas été porté dans tous les territoires. Un travail d’organisation Etat / région nous paraît être un bon moyen d’amener les Régions à développer des dispositifs complémentaires.

Voilà, c’est tout pour nous :upside_down_face:.

À bientôt !

4 « J'aime »