Soutenir les tiers-lieux... ou certains types de tiers-lieux?

Bonjour,

Dans un article du journal Sud Ouest du 27 aout titré "Comment le gouvernement veut soutenir les tiers-lieux, si précieux pour « l’économie de demain » on peut lire :

*Le Premier ministre a annoncé une enveloppe de 130 millions d’euros, dont la moitié puisée dans le plan France relance : 30 millions pour créer cent manufactures de proximité (comme l’Atelier normand), 50 millions pour la formation professionnelle dans ces structures, 20 millions pour y employer 3 000 jeunes en Service civique, 15 millions pour y développer le numérique et presque autant pour consolider le réseau et accompagner de nouveaux projets."

Notre association anime un café culturel qui n’est pas un nouveau projet, ni une manufacture, elle ne propose pas de formation professionnelle, n’emploie pas de Service civique et le projet social de la structure n’est pas non plus axé sur le numérique.

Il s’agit d’un lieu de brassage culturel et artistique, de débat, de rencontre et de démocratie.

Quel soutien et reconnaissance de l’Etat peut attendre ce type de tiers-lieu ?

Stéphane Cuttaïa
Café culturel C’est déjà ça

Les petits lieux, qui sont la majorité, sont encore un peu laissés de côté avec ces nouvelles annonces. C’était déjà le cas avec le dispositif fabriques de territoires (même si des petits lieux peuvent de plus en plus se regrouper) et le tir ne semble pas encore corrigé sur ce nouveau dispositif.
Il ne faut pas non plus se faire trop d’espoir tant que les Tiers-Lieux ne sont pas plus moteurs dans l’animation des politiques à mener. C’est encore un dispositif assez large, qui marche bien pour faire des grandes annonces, mais qui ne correspond pas encore à la finesse des défis auxquels sont confrontés les lieux.

Néanmoins, je dirais que les 15 millions restant qui seraient ciblés vers les réseaux et les nouveaux projets pourraient à un moment réussir à soutenir des lieux comme le votre. Si votre réseau local de tiers lieux existe et a déjà des habitudes de travail avec des lieux comme le votre, qu’il est déjà actif et réactif pour aider à faire avancer votre lieu, ça pourrait avoir au final des retombées interessantes. Sinon cela reste à inventer avec eux sachant qu’en tant que réseau, ils devraient pouvoir avoir des moyens.
Dans les nouveaux projets, on espère pouvoir trouver des moyens pour soutenir beaucoup plus ce qui est nécessaire à tous (ce que l’on appelle les communs, comme la documentation, ce forum, les bases de données de financeurs potentiels de tiers lieux tel que le fait déjà FranceTL, etc). Par exemple dans le cas des cafés culturel, réussir à avoir des moyens pour construire des outils partagés, des foncières pour aider à acquérir des lieux, des dispositifs de soutien inter-lieux au moment des grandes étapes du projet, des partages de pratiques entre cafés culturel, du soutien financier pour des rencontres des tiers lieux dits « cafés culturels »
Mais je crois pas que l’on ait le détail de la répartition de ces 15 millions restant à ce stade.

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Bonjour,

« Les petits lieux, qui sont la majorité, sont encore un peu laissés de côté avec ces nouvelles annonces. »

Oui, c’est d’ailleurs bien l’aspect dramatique de ce pouvoir politique depuis le début: tout ce qui est petit est un peu laissé de côté.

En fait aucune des mesures annoncées -avec la grandiloquence et l’autocongratulation gouvernementales habituelles - n’aura le moindre effet concret sur un tiers-lieux culturel en zone périurbaine comme le nôtre. Donc, aucun effet non plus pour ses 300 membres et les habitants de notre territoire. Heureusement pour elle, notre structure est affiliée à différents organisations et réseaux à l’échelle locale, territoriale et nationale et a depuis des années un modèle économique suffisamment solide.

En revanche, les cafés associatifs existants soutiennent les cafés associatifs à l’état de projets. C’est notre cas actuellement avec trois d’entre eux et aucun de ces trois projets ruraux n’entrent non plus dans ce plan destiné aux tiers-lieux.

Les cafés sont des postes d’observation assez privilégiés des humeurs de la société.
Peu importe la sincérité ou pas de la démarche. Tout ce foin du pouvoir politique sur « nous soutenons désormais les tiers-lieux, le monde d’après, etc » pourrait être perçue comme une tentative un rien désespérée de raccommodage de dernière minute avec les habitants de la France rurale et périurbaine. La macronie ne semble pas réaliser le niveau d’exaspération, dans le pire des cas, ou d’indifférence, dans le meilleur des cas, que ses mesures suscitent. La piste est proche et l’atterrissage pourrait être brutal.

Bonne soirée,
Stéphane Cuttaïa
C’est déjà ça

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Bonjour
il y a plusieurs niveaux d’intervention des pouvoirs publics, et certains dispositifs d’aides portés par les Régions, les Départements, ou les intercommunalités viennent soutenir l’emergence de « petits » tiers-lieux. Mais tous les territoires ne sont hélas pas logés à la même enseigne… L’ANCT et France Tiers Lieux travaillent aussi à mobiliser les collectivités locales pour qu’elles appréhendent mieux les tiers-lieux et les soutiennent. Cela prend du temps mais cela avance !
Quel est votre territoire d’ancrage ?
Bonne journée
ML Cuvelier

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Et bien cela fait du bien de lire ce genre de message :slightly_smiling_face:
Au départ de notre aventure à l’espace Kdoret, on s’était un peu emballé avec ces histoires de financement de tiers lieux, on a lâché l’affaire : quand on vous demande de faire des projections sur trois ans, qu’aucune aide logistique claire ne peut être apporté (par exemple des mises à disposition d’administrateur/trices calé.es sur ces questions de montage de projets, des réponses réalistes à des problématiques réalistes) à la veille des élections régionales on a eu la visite de quelques politiciens qui trouvent toujours « super pertinent » le travail que nous faisons (bénévoles à 3000 pour cent) mais ensuite …rien …
alors on va continuer de faire sans eux…en espérant qu’on nous laissera encore cette liberté dans les années à venir !!
céline (membre de la scic gens de la fontaine/rostrenen)

Bonjour
Je me sens d’un coup moins seule à vous lire. Les finances sont très difficile pour nous comme pour beaucoup de petites structures en ce moment. Plus d’aides de l’Etat et très peu jusqu’en juillet puisque nous avons ouvert en septembre 2020 et l’impression d’être totalement abandonnés.
De lire les posts de Alain Griset et Buno Lemaire qui se gargarisent d’aider toutes les entreprises me rend furieuse car c’est faux. Ras le bol de ce gouvernement qui semble ne pas voir les véritables difficultés de terrain.
Nous n’avons pas candidaté pour Fabriques de Territoire car il faut pour cela un poste à temps plein, le dossier est beaucoup trop compliqué et il faut faire du lobbying pour que cela fonctionne… écoeurant.
Heureusement nos fidèles nous soutiennent et nous remontent le moral.
Bon courage Ă  tous.tes.

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Bonjour,

On revit ce qu’on a vécu il y a quelques mois avec les lieux essentiels et les lieux non essentiels. Cette fois il s’agit des tiers-lieux essentiels et non essentiels.

S’agissant des dispositifs proposés aux tiers-lieux par les collectivités territoriales en Ile-de-France, ils concernent les structures ou les projets axés sur le numérique, la production, l’entreprenariat ou plus généralement le travail.

Concernant le terme de tiers-lieux, on a un peu le sentiment d’être rapidement passé d’une définition large et très élastique à une définition de plus en plus ciblée et restrictive. On reconnait et on peut même applaudir le fait que les tiers-lieux soient -aussi- des lieux d’épanouissement culturel, d’expression et de brassage artistique, des espaces de débat démocratique, d’émancipation, de renouement sensible avec le monde vivant, etc, Et faire de très jolies phrases là-dessus. Mais en réalité toutes ces choses sont assez décoratives parce que fondamentalement ce qu’on nous demande, en tout cas en Ile_de-France, c’est d’être utile au développement, à l’attractivité économique de notre territoire. Pas d’être des objets politiques. Surtout pas.

Peut-on voir éclore un "monde d’après’ avec la vision strictement économiciste du monde d’avant ? On verra bien mais on peut un peu en douter.

Les fabriques de territoire ne sont pas adaptées pour les petits lieux en démarrage (qui sont la majorité surtout en rural). C’est trop d’investissement où il faut coopérer avec d’autres alors que les lieux démarrent à peine, que les gens ne se connaissent pas (et apprendre à se connaître autour d’un dossier de financement c’est chaud :-)) pour un résultat assez incertain.

Et sur ce dispositif, les gros et les projets politiques ont dégainé souvent plus vite. Or c’est un appel à projet permanent mais qui distribue selon une répartition géographique, donc ça coince pas mal dès que d’autres ont déjà eu le financement sur le territoire (ce qui est le cas dans le département du Pas-De-Calais où je vis, où seuls des gros projets et des projets politiques ont eu le soutien et où il n’y aura à priori plus de places pour de nouvelles fabriques)

Des fabriques qui regroupent plusieurs petits tiers-lieux, ce qui est maintenant plus accepté dans le dispositif (au départ c’'était pas évident), ça peut marcher, mais faut s’accrocher. Par contre, je ne crois pas qu’il y ait d’obligation d’un poste temps plein.

Je pense qu’il faut pas hésiter à faire des retours, car c’était une première et on peut vraiment innover sur ces dispositifs pour que ça corresponde mieux à l’avenir.

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