Des salarié.es dans les réseaux?

Lors du dernier commun lundi (le 5 juin) on a évoqué cette question avec plusieurs acteurs et actrices de réseau régionaux et inter-réseau.

On s’est dit que ça peut-être une bonne chose que de créer des espaces pour accueillir ces réflexions collectives au-delà d’un temps d’une heure par mois.

On commence à avoir un peu d’expérience dans nos réseaux et on est traversés par pleins de réflexion, alors autant en faire partager tant que possible

Du coup j’ouvre ce post pour avoir vos avis et retour sur la gestion des contributions dans nos réseaux ; faut-il des salarié.es, des budgets contributifs…

Curieux vous retour d’expérience !

A noter :

  • La page Movilab en lien pour compiler et garder traces des expériences pour plus tard
  • Le post sur les suites pour la politique tiers-lieux… (ou il est plus question de fabrique et manufacture dans les échanges mais la question des réseaux est aussi importante sur la poursuite de cette politique publique)
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Pour ma part, je suis investi dans le réseau Relief, qui est je crois le seul réseau sans salarié.es (détrompez-moi si je me trompe). Je suis aussi investi sur d’autres projets « régie » par un budget contributif.

Mon humble retour d’expérience de ce que croit avoir observé, c’est que :

  • le fonctionnement sans salarié.es et en budget contributif permet de laisser une plus grande place à des nouveaux et nouvelles arrivant.es. Le fait qu’il n’y ait pas de personnes salariées qui occupent une mission permet d’embarquer des personnes non prévues selon leur envies et leurs compétences.

  • En revanche, cela fait aussi peser le poids de la pérennité du réseau sur un petit cœur actif non stabilisable. On demande une sorte d’engagement moral sans pouvoir garantir une stabilité financière ni même opérationnelle (car un projet commencé peut retomber aussi vite mettant un porte-à-faux la personne engagée/soucieuse). Il y a parfois (souvent ?) friction entre cette responsabilité tacite et l’énergie et la disponibilité de ce petit groupe de personnes.

  • En revanche, le fait de ne pas avoir de salarié.es fait que la possibilité de pérennisation du réseau est pensée en fonction des envies, disponibilités et intérêts de ces membres. Il y a moins de charges à payer et pas de course à la subvention pour chercher de quoi maintenir une personne qui est aujourd’hui dépendante du réseau. Et ainsi, c’est plus un modèle économique par projets / services / communs qui est chercher. A titre d’exemple, dans la commission SI&Doc de Relief, comment maintenir les outils déployés par le réseau en fonction des compétences en présence et acteur.ices intéressé et disponible et non en fonction des personnes qui facturent cette commission aujourd’hui.

Plus globalement, je pense qu’une logique directive en amont bride pas mal l’émergence d’un faire Tiers-Lieux.

  • Le salariat est une logique directive selon moi au sens où cela flèche dès le départ les personnes (ou un partie) qui prendront part au réseau ou projet ce qui n’est pas forcément compatible à l’imprévu en fonction des événements et réactions.

  • La logique de projet dans des appels à projets ou financement conditionnés à des livrables figés est aussi une logique directive car cela induit la finalité du processus sans tenir compte de ce qui peut se produire en cours et en fonction de ce qui émerge.

Le processus de Faire Tiers-Lieux ne se décide pas mais se fait justement avec l’énergie de personnes / territoire / intention extérieurs qui entrent en résonance sur un moment. Toute la difficulté du financement voir de la redistribution de financement pour les réseaux c’est d’arriver à laisser la place à ces acteur.ices extérieur.es (=/= salariat) et à ces moments peu prévisibles de synchronisation de personnes (=/= logique de projet), et donc ne pas occuper/empêcher cet espace par une logique directive qui guide une certaine route à suivre.

Curieux de vos retours et expériences !

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Hello !
Sympa ce post !
Pour moi, salariat ou contribution, tout dépend de ce que l’on fait, et surtout, comment on le fait !
Tu peux avoir une forme d’organisation avec des salariés parce que la situation (financement notamment) te l’impose, mais ça ne change pas le fond.
Sur la logique de projet, personnellement je trouve que ce sont les projets qui nous rassemblent. Est ce que « Faire Tiers Lieux » n’est pas en soit un projet de vivre ensemble ? Et donc un projet autour duquel nous allons tenter de collaborer, d’avancer ensemble, voire même de nous éprouver ensemble…
En ce qui concerne les financements conditionnés, je comprends totalement. Il serait préférable d’être reconnu d’utilité publique, et d’avoir les financements qui vont avec. Car clairement, il y a des compétences et du temps investis dans les Tiers - Lieux (et dans les Communs) qui méritent de vivre sans avoir à devoir quémander ou faire autre chose…
J’ai dit :wink:

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Je pense que le Tiers-Lieu dans sa forme « œuvre commune » ne peut posséder de salariés sans se détourner de sa raison d’être - car beaucoup de lieux se retrouvent sous pressions économique car souhaitant sécuriser les salaires de ses membres… le TL devient responsable de la rémunération personnelle de certains : comment cela ne pourrait pas créer des jeux de pouvoir ?
Il y a dans les logiques de CAE et SCOP, ou juste dans une vision de l’émancipation individuelle par la mutualisation des « trucs chiants », un fort potentiel de robustesse pour les modèles économiques de chaque individu. Rendre autonome un lieu, c’est rendre autonome ses membres.

En tout cas génial post♥️

Et du coup : les réseaux régionaux font leur choix de fonctionnement nourrit de leurs expériences de terrains. Des échanges avec les autres réseaux.
Qu’en est il des salariés ANTL ?

As t on besoin de salariés sur FTL - si oui pour quels besoins non couvert par des acteurs existants - ou d’autres manières de faire ensemble sont possibles ? (Hors lourdeur de l’ interventionisme d’Etat, garder de l’agilité)

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