Le 28 mars, une procédure de dissolution du mouvement des Soulèvements de la Terre à été engagée. En réaction, le 30 mars, un appel des Soulèvement de la Terre est publié, invitant à afficher son soutien « pour rendre caduque cette tentative d’étouffement ».
Dans les signataires, nous retrouvons des citoyennes et citoyens de toutes professions et milieux (artistes, journalistes, chercheurs, ouvriers…) des organisations (des partis, des fondations, des associations…) elles aussi de milieux différents (du logiciel libre, à la culture en passant par la politique)… et pas de Tiers-Lieux.
Or, ce mouvement a fait preuve, et le fait encore, de sa capacité à rassembler des publics différents et à innover. ils produisent dans certaines de leurs actions « une configuration sociale où se rencontrent des gens d’univers différents » (version A. Burret) et sont une « communauté » « identifiée » (pour la défense des terres) qui fait preuve de « proximité » (luttes locales), d’hybridation" (par la multiplicité de leur moyen d’action), de « convivialité » (par l’aspect festif de leur action) et « d’agilité » (s’adaptant aux oppositions) (version France Tiers-Lieux).
De là à dire que les Soulèvements font Tiers-Lieux je ne sais pas, mais sans doute qu’iels contribuent à défendre une utopie partagée en faisant Tiers-Lieux.
Du coup je m’interroge, car au-delà de l’aspect militant (et alors même que ce militantisme est important et essentiel dans nos lieux), cette procédure de dissolution, c’est avant tout un acte politique qui vient affirmer le refus du lien de subordination au pouvoir public. N’est-ce pas une question omniprésente dans nos lieux ?
Derrière cette procédure et cette signature, c’est la question de ce fameux « contrat républicain » qui est mis en question. Déjà aujourd’hui, « ce sont des dizaines d’associations sociales, environnementales et culturelles soupçonnées de ne pas souscrire au « Pacte Républicain », ou juste trop critiques à leur goût, qui se sont vues refuser des financements, inquiétées par les préfectures, bannies des instances de concertation… ».
Comment se positionnent les Tiers-Lieux par rapport à ça? Tiers-Lieux qui ont aussi signé ce contrat pour certains (la plupart ?) pour bénéficier de financement public.
Est-ce dans un silence que nous attendons de disparaître, comme les autres et derniers espaces de discussions démocratiques et de pouvoir d’agir citoyen? En profitant au passage des dernières miettes de subventions et gouttes de champagne ?
Ou alors acceptons-nous de nous laisser dicter nos agendas par ce contrat républicain et plus largement d’un pouvoir contraignant et de séparer Tiers-lieux et luttes/mouvements sociaux et citoyens ? (comme évoqué au passage dans ce fil).
Peut-être que les Tiers-Lieux ne sont pas l’espace de ces mouvements spontanés qui émergent et s’expriment actuellement. Mais alors pourquoi utiliser un nouveau mot « Tiers-lieux » en reniant son aspect subversif ?
Interrogation ouverte, curieux de vous lire !